Que retenir de la commission Rouleau jusqu’ici?
Radio-Canada
Luttes de pouvoirs, intrigues politiques, fuites de renseignements policiers sensibles; le juge Paul Rouleau entend des preuves et des témoignages aussi étonnants que choquants ces jours-ci.
Les audiences publiques de la Commission d’enquête sur l’état d’urgence se sont amorcées il y a maintenant quatre semaines. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que l’exercice est plus intéressant que prévu.
Depuis le 13 octobre, des dizaines de témoins ont été entendus et des milliers de documents ont été déposés en preuve dans le but de déterminer s’il était vraiment nécessaire d’invoquer la loi fédérale sur les mesures d’urgence, l’hiver dernier, afin de mettre un terme à l’occupation du centre-ville d’Ottawa.
Lentement mais sûrement, une vue d’ensemble se dessine quant aux événements ayant incité le gouvernement Trudeau à agir de la sorte.
Mais la quantité et la qualité des preuves recueillies par la Commission entraînent aussi leur lot de révélations inédites, au grand bonheur des médias et des Canadiens curieux d’en savoir davantage sur la capacité d’agir des autorités et sur les relations qu’entretiennent entre eux leurs représentants.
Tout indique d’abord que les corps de police du pays ont presque tous sous-estimé la menace que pouvaient représenter les différents convois de camionneurs et de manifestants furieux contre les gouvernements ayant adopté des mesures sanitaires pour lutter contre la pandémie de COVID-19.
Ignorant les signaux émis ici et là qui auraient permis d’entrevoir que des groupes s’apprêtaient à s’installer durablement dans la capitale, mais aussi près de multiples postes frontaliers, les autorités ont été frappées d’étonnement par la détermination de certains protestataires, qui ont rapidement cessé de collaborer avec elles.
Profitant du concours de certains policiers sympathiques à leur cause, les organisateurs du prétendu convoi de la liberté, à Ottawa, ont même bénéficié d’informations privilégiées pour mieux s’organiser, a révélé l’un de leurs avocats le 2 novembre, ce qui a incité le service de police local à ouvrir le lendemain une enquête à ce sujet.
L’ampleur de ces rassemblements et la pugnacité des protestataires ont obligé les différents corps de police à travailler ensemble. Mais cette coopération n’a pas toujours été évidente.