Quand la Chine censure Hollywood
TVA Nouvelles
Trop souvent, lorsque des «blockbusters» américains arrivent sur les écrans chinois – quand ils y arrivent –, ils sont amputés de certains contenus. Le dernier exemple en date? «Fight Club», de David Fincher, avec Brad Pitt et Edward Norton.
Eh oui, 23 ans après sa sortie dans les salles obscures du monde entier, les cinéphiles chinois peuvent désormais visionner «Fight Club», relégué pendant plus de deux décennies dans les bacs des censeurs. La raison non officielle? Le fait que Brad Pitt a été persona non grata dans l’Empire du Milieu pour cause de «Sept ans au Tibet» depuis la sortie du long métrage de Jean-Jacques Annaud en... 1997! La punition a été tellement sévère – et le marché chinois tellement juteux – que le réalisateur français a écrit une lettre d’excuses en forme d’autocritique digne des belles heures de Mao au moment de la sortie du long métrage «Le dernier loup» en 2015.
Mais revenons au cas de «Fight Club». Car les Chinois n’ont pas droit au même long métrage que le reste de la planète. En effet, certaines choses ne passent pas... et surtout pas le message anarchiste du long métrage. Résultat, la fin si célèbre dans laquelle on voit Edward Norton et Helena Bonham Carter se tenir par la main pendant qu’ils regardent des gratte-ciels exploser avec, en fond sonore, «Where Is My Mind» des Pixies ne retentira pas sur les écrans du pays du dragon. En lieu et place, un rectangle noir comportant quelques lignes qui indiquent, le plus sérieusement du monde, que la police a arrêté tous les individus responsables des actes de violence et que la bombe n’a pas explosé. En prime, Tyler a été envoyé dans un hôpital psychiatrique pour y être soigné et en est sorti en 2012!
«Fight Club» est un exemple comme tant d’autres, car les studios accèdent bien volontiers aux exigences parfois impressionnantes des censeurs chinois. Ainsi, «Iron Man 3» a-t-il pu être présenté dans les cinémas du pays en échange de quelques «modifications» prévues. Tourné en partie en Chine et coproduit par la compagnie locale DMG Entertainment, le troisième volet des aventures de Tony Stark a été monté de manière totalement différente pour le marché le plus peuplé du monde. Les amateurs ont ainsi eu droit à une apparition de Fan Binbing ainsi qu’à une scène dans laquelle une équipe de médecins chinois s’affaire à sauver Iron Man. Et Disney avait même permis à des officiels de venir sur le plateau de tournage pour «conseiller» artistiquement la production.
Dans la même lignée, «Seigneur de guerre» d’Andrew Niccol, dans lequel Nicolas Cage incarne un trafiquant d’armes, a fait l’objet de quelques coupes sévères. Ainsi, à la fin, le protagoniste poursuit sans peine ses activités illégales et le long métrage souligne ensuite que la Chine fait partie des plus gros vendeurs d’armes au monde. Mais pas question de montrer une telle finale! Là encore, la fin est un écran noir sur lequel les cinéphiles peuvent lire que le vendeur d’armes finit en prison pour le reste de ses jours.
À l’instar de nombreux pays religieux, l’autre sujet dans l’œil de la censure chinoise est l’homosexualité. Un long métrage tel que «Bohemian Rhapsody», sorti en 2019, avec Rami Malek dans le rôle de Freddie Mercury a été amputé des scènes jugées trop licencieuses. Exit donc toute mention du sida et les baisers entre deux hommes... C’est également le cas en 2017 pour «Alien - Covenant» de Ridley Scott puisque des bisous entre androïdes du même sexe (si tant est qu’ils en aient un) sont également interdits.