Quand Barbie est accusée de faire la propagande chinoise
Radio-Canada
À 64 ans, la célèbre poupée de Mattel est encore et toujours controversée. Cette fois, ce sont des scènes du film de Warner Brothers mettant en vedette Margot Robbie et le Canadien Ryan Gosling qui font polémique en Asie du Sud-Est. Selon des images de la bande-annonce, c’est une mappemonde tracée à la main sur un tableau aperçu derrière Barbie qui choque.
Cette carte, qui reviendrait à quelques reprises dans le long métrage de Greta Gerwig, reprendrait les revendications territoriales chinoises contestées en mer de Chine méridionale. C’est ce qu’on appelle la ligne en neuf traits. La démarcation représente la zone économique exclusive revendiquée par la Chine et se trouve sur les cartes du pays depuis 1947.
Le Vietnam, les Philippines, Taïwan, la Malaisie et Brunei affirment tous que les prétentions chinoises violent leur souveraineté puisqu’elles incluent 90 % de toute la mer de Chine méridionale, dont des îles revendiquées par ces nations.
Hanoï veut donner une leçon de géopolitique à Barbie et accuse la poupée de plastique de faire de la propagande chinoise. Le long métrage, dont la sortie mondiale est prévue le 21 juillet, ne sera pas diffusé dans le pays.
Le Conseil national d'évaluation et de classification des films a visionné le film et a pris la décision d'en interdire la projection au Vietnam en raison d'une violation liée à "la ligne en neuf traits", a affirmé le directeur du Département du cinéma vietnamien, Vi Kien, selon les médias locaux.
Les Philippines songent à imiter le Vietnam. Supprimer les scènes en question du long métrage, comme ça s’est fait par le passé, pourrait être un compromis acceptable, selon un sénateur.
Le film Barbie est une œuvre de fiction, tout comme la ligne en neuf traits, a pour sa part déclaré la sénatrice philippine Risa Hontiveros sur YouTube. Au minimum, nos cinémas devraient inclure un avertissement explicite indiquant que la ligne en neuf traits est le fruit de l'imagination de la Chine.
La mer de Chine méridionale est un des territoires les plus contestés de la planète, puisque six nations en revendiquent une partie. Dans une décision unanime rendue en 2016, la Cour permanente d’arbitrage de La Haye juge que la Chine n’a aucune base légale pour revendiquer des droits historiques sur cette zone.
La décision se basait sur la Conventions des Nations unies sur le droit de la mer. La Chine rejette les conclusions. Elle avait refusé de participer au processus judiciaire, affirmant que les contestations portent plutôt sur la souveraineté des territoires, non sur la Convention, et donc que la Cour permanente d’arbitrage de La Haye n’a pas compétence en la matière.