Prix de l’essence : même des détaillants y perdent au change
Radio-Canada
La progression des prix de l'essence dans la dernière année a fortement contribué à la poussée de l'inflation, qui a atteint 6,8 % en avril. Cinq propriétaires de stations-service dans Lanaudière se sont regroupés pour dénoncer une situation qui passe sous l'écran radar à l’heure actuelle lorsque vous payez avec une carte de crédit à la pompe.
Au Québec, près d'une essencerie sur trois est considérée comme concessionnaire affilié à une grande enseigne comme Shell ou Esso. Ces établissements indépendants ne reçoivent généralement qu'entre 2 et 4 cents par litre vendu de la part du distributeur-grossiste avec qui ils ont un contrat d’achat et dont le carburant est en consigne. Le prix est dicté par le distributeur.
Or, nombre de clients paient avec leur carte de crédit. Plus elle est prestigieuse, plus elle offre des points et plus elle coûte cher aux commerçants. Les propriétaires de stations-service doivent verser aux MasterCard et Visa de ce monde des frais qui augmentent avec le montant de la transaction.
Le calcul est simple à faire, explique Simon Lagacé, propriétaire du Dépanneur Reli, Harnois à L’Assomption. Si on a un taux de commission qui est à 2 cents du litre et qu'on paie 2 % de frais de cartes de crédit, ce plein d'essence nous coûte de l'argent de nos poches. En effet, 2 % sur plus de 2 dollars le litre équivalent au moins à 4 cents.
André Forget, propriétaire de plusieurs dépanneurs avec essence dans la région de Montréal, n'en peut plus : À l’une de mes stations, mes frais de cartes de crédit sont de 150 000 piasses par année. Ça n’a pas d'allure! C'est plus cher que mon compte de taxes et mon loyer ensemble.
L'enjeu est moins critique pour les détaillants corporatifs comme Couche-Tard. Ils ont davantage de contrôle sur les coûts et la possibilité de refiler la facture aux consommateurs. La multinationale a refusé de commenter ce dossier.
Reste que s'il est frustrant de voir la facture exploser à vue d'œil à la pompe, les quelque 2800 détaillants, tout particulièrement les indépendants, sont loin d'être les premiers à blâmer.
La marge de raffinage est exceptionnellement élevée, remarque la présidente et directrice générale de l'Association des distributeurs d'énergie du Québec, Sonia Marcotte.
Sur un prix à la pompe à 2,17 $ à Montréal mercredi, 48 cents revenaient aux raffineries. Il restait aux distributeurs et aux détaillants moins de 10 cents, mais cette marge est normalement bien inférieure.