Pourquoi la Banque du Canada s’intéresse-t-elle à votre salaire?
Radio-Canada
La Banque du Canada estime que la hausse des salaires doit ralentir pour que le taux d’inflation revienne à sa cible de 2 %. Mais la progression de la rémunération est-elle vraiment inflationniste au pays? Certains économistes en doutent.
Le 12 avril, au moment de présenter la mise à jour de sa politique monétaire, le gouverneur de la Banque du Canada, Tiff Macklem, a déclaré que la baisse de l’indice des prix à la consommation dépendait de la réduction des attentes d’inflation, d’un ralentissement de la hausse des prix dans les services et… de la modération de la croissance des salaires.
La plupart des mesures de la croissance des salaires demeurent aux alentours de 4 à 5 %, les augmentations salariales étant généralisées à l’échelle des secteurs, écrit la Banque du Canada dans son document de politique monétaire.
Elle ajoute que dans les récentes enquêtes menées auprès des entreprises, les répondants ont dit s’attendre à ce que le rythme de croissance des salaires ralentisse au cours de la prochaine année. Les augmentations salariales qu’ils prévoient restent malgré tout au-dessus de la moyenne historique. À moins que la croissance de la productivité ne devienne étonnamment forte, il ne sera pas possible d’atteindre la cible d’inflation de 2 % si la croissance des salaires se maintient dans cette fourchette de 4 à 5 %.
Nous comprenons bien la logique. Des hausses de salaire, ce sont des coûts supplémentaires pour les entreprises, qui refilent ensuite ces coûts aux consommateurs, lesquels doivent ainsi payer leurs biens et leurs services plus cher.
Les hausses de salaire peuvent améliorer ou maintenir le pouvoir d’achat, ce qui peut, en retour, faire grimper davantage la demande, et donc les prix. En début d’année d’ailleurs, la croissance des dépenses de consommation est demeurée solide au Canada.
Vous ne pouvez pas blâmer les travailleurs pour l’inflation, affirme Avery Shenfeld, économiste à la CIBC, dans une note économique publiée vendredi dernier, parce que c’est la hausse des prix des biens et services qui a mené à la montée des salaires, et non l’inverse.
Toutefois, il reconnaît que les hausses salariales contribuent maintenant à l’inflation, en raison des coûts supplémentaires que cela engendre pour les entreprises et du fait que le pouvoir d’achat des consommateurs est ainsi maintenu par une rémunération qui est plus élevée.
La donnée la plus fiable du pays, affirme l’économiste, c’est celle du document de Statistique Canada intitulé Enquête sur l’emploi, la rémunération et les heures de travail (EERH), qui montre un ralentissement important de la croissance des salaires en début d’année.