Pour leur sécurité, des cliniques offrant l’avortement préfèrent rester discrètes
Radio-Canada
Plus de 20 ans après deux tentatives d’assassinat contre un médecin procédant à des avortements dans la région de Vancouver, nombre de ceux qui offrent l’avortement préfèrent toujours travailler dans l’ombre, par peur de représailles.
En 1994, le Dr Garson Romalis a fait l’objet d’une première tentative d’assassinat par balle chez lui. Six ans plus tard, il a été poignardé derrière l’édifice où il pratiquait, à Vancouver. Dans les deux cas, ses interventions médicales ont été considérées comme la raison principale des attentats.
Malgré les 20 années qui se sont écoulées depuis ce dernier incident majeur impliquant un intervenant du domaine, plusieurs craignent encore pour leur gagne-pain, quand ce n’est pas pour leur vie, soutient la directrice générale d’Options for Sexual Health, Michelle Fortin.
Son organisme refuse de publier sa liste de médecins et de cliniques qui pratiquent des avortements pour des raisons de sécurité, surtout dans le nord et l’intérieur de la province, où l’opposition à l’avortement est plus forte.
C’est dommage qu’en 2022, une personne offrant un service de santé à la moitié de la population qui peut tomber enceinte doive se préoccuper de sa sécurité, souligne-t-elle.
Dans des communautés comme Smithers et West Kelowna, par exemple, des panneaux-réclames affichent les informations de campagnes anti-avortement.
Face à ce genre de publicité, ceux qui offrent ce service médical préfèrent se taire, explique Michelle Fortin.
Cette discrétion peut toutefois s’avérer une lame à double tranchant puisque, tout en assurant la sécurité des médecins et de leurs patientes, elle donne parfois l’impression que l’avortement est moins facilement accessible dans ces régions qu’il ne l’est en réalité, note-t-elle.
La liste d’Options for Sexual Health inclut une cinquantaine de fournisseurs de service médicaux répartis dans 35 communautés de la province, dont plusieurs sont en milieu rural et dans le nord. La plupart d’entre eux refusent toutefois que leur nom soit publié en ligne, précise Mme Fortin.