Pollution : des parents regrettent d’avoir eu des enfants à Rouyn-Noranda
Radio-Canada
ROUYN-NORANDA – À la fête foraine de la Grande Place Edmund-Horne, qui a donné son nom à la fonderie, les parents ont autre chose à faire que de parler du sujet de l'heure, mais les préoccupations demeurent dans un coin de leur tête.
C'est sûr qu'on y pense, à l'impact sur notre santé, dit Geneviève Morin, qui habite le quartier le plus exposé aux contaminants. Quand on entend qu'on a cinq ans d'espérance de vie de moins, on se demande si on doit déménager.
Oui, il y a une inquiétude, confesse un père qui préfère ne pas être nommé, car il travaille pour un fournisseur de la Fonderie Horne. Je ne suis pas déçu que tout le monde se mobilise.
Pas d'arsenic dans notre pique-nique, réclame la banderole déployée par le groupe Mères au front de Rouyn-Noranda. Mercredi, plusieurs parents accompagnés de leur enfants ont sensibilisé le ministre de l'Environnement Benoit Charette à leur demande d'imposer des plafonds d'émissions sévères à l'usine qui émet 23 contaminants différents.
« Par amour pour mes enfants, je vais souhaiter qu’ils s'établissent ailleurs, si ça ne change pas. »
À l’automne 2018, la santé publique régionale a mené un dépistage du plomb, du cadmium et de l’arsenic chez les jeunes enfants du quartier Notre-Dame, adjacent à la fonderie. Les résultats indiquent qu'ils sont en moyenne 3,7 fois plus exposés à l’arsenic que dans la ville d'Amos. Les résultats vont jusqu'à 40 fois plus.
Ça va me rendre émotive, dit Valérie Fournier. Un de ses fils avait 13 fois plus d’arsenic dans les ongles et l'autre, 7 fois plus. J’ai été tellement en colère, ajoute la maman originaire de la Gaspésie.
« Je ne m’étais jamais questionnée à savoir si c’est sécuritaire d’aller vivre dans ce quartier-là. [...] Plus je lisais, plus la culpabilité se mettait à grandir. »
Valérie Fournier avait été rassurée, à son arrivée, par certains résidents du quartier Notre-Dame qui constataient que l'air est plus agréable qu'avant et qu'on goûte moins la mine, en référence aux fortes émanations de soufre d'une époque révolue. Mais l'arsenic ne sent rien et ne goutte rien, rappelle-t-elle.