Poète officielle du Parlement : Marie-Célie Agnant veut porter la voix de la jeunesse
Radio-Canada
Dixième poète officielle du Parlement, Marie-Célie Agnant entend faire de sa « victoire sur le silence » une « passerelle » afin de faire entendre les voix et les préoccupations des jeunes du pays.
Dans ce poste, Mme Agnant devra par exemple rédiger des œuvres de poésie à l’occasion de certains événements importants au Parlement et conseiller la bibliothécaire parlementaire dans le but d’enrichir la collection de la Bibliothèque par certaines acquisitions liées au milieu culturel.
« Être poète et écrivain aujourd’hui, c’est dire aux gens : "Intéressez-vous aux livres!" C’est un plaidoyer pour le besoin de s’instruire [car l’ignorance], c’est ce qui mène à l’intolérance et à beaucoup d’autres maux dont nous souffrons. »
Cette dernière, née à Port-au-Prince en 1953, a fui le régime Duvalier pour venir s’établir au Canada en 1970. C’est à Montréal qu’elle publie son premier roman, La Dot de Sara, 25 ans plus tard. En 2017, Marie-Célie Agnant remporte le Prix Alain-Grandbois de poésie de l’Académie des lettres du Québec pour Femmes des terres brûlées.
Je me suis mise à écrire pour vaincre le silence, pour apprendre à parler, soutient-elle. Je considère que le pays dans lequel je suis née, c’est un pays qui a été condamné au silence. Et dans ce silence, les femmes sont encore plus silenciées. Et pour moi, c’est une victoire sur le silence, en quelque sorte, cette nomination.
Si son rôle doit demeurer apolitique, Marie-Célie Agnant entend néanmoins poursuivre son engagement social et communautaire, en parlant de justice, d’exclusion, de féminisme, d’égalité et de racisme, par exemple.
En plus de sa dizaine de romans, de recueils de nouvelles et de poèmes, Marie-Célie Agnant compte autant de titres jeunesse, dont Alexis d’Haïti, publié en 1999 et toujours lu dans les écoles d’ici, ainsi qu’aux États-Unis. Il n’est donc pas étonnant qu’elle souhaite mettre les enfants au cœur de son mandat de deux ans.
Les enfants ont ce regard très inquiet sur le monde aujourd’hui et ils ont besoin d’être écoutés. Ça va être, pour moi, une occasion de leur offrir une passerelle, souligne-t-elle. Prendre la parole, c’est aussi quelque chose qui s’apprend.
Au cours de la première année, Marie-Célie Agnant va donc étayer son projet, cibler et rencontrer les personnes pouvant l’aider à le concrétiser (enseignants, éditeurs, etc.) pour ensuite, lors de la deuxième année de son mandat, coordonner divers ateliers dans les écoles pour permettre aux jeunes d’écrire et d’organiser un ou deux récitals pour faire rayonner leur prise de parole.