Plus de 10 M$ dépensés par Hydro-Québec pour un projet suspendu en Abitibi-Témiscamingue
Radio-Canada
Le projet de renforcement du réseau de transport d'électricité à 315 kilovolts (kV) et à 120 kV en Abitibi-Témiscamingue, évalué à 612 millions $, a été suspendu par Hydro-Québec le 13 juin dernier. Pourtant, Radio-Canada a appris que 10,6 millions $ ont déjà été investis par la société d’État depuis l’élaboration du projet, à l'automne 2018.
Selon des prévisions d’Hydro-Québec datant de juin 2021, une croissance économique accompagnée d’une hausse de la demande en électricité était attendue dans la région au cours des prochaines années. La société jugeait alors que la capacité des réseaux à 315 kV de l'Abitibi-Témiscamingue [devait] être augmentée pour répondre à ces besoins.
Le projet de renforcement retenu prévoyait notamment la construction d’une nouvelle ligne de transport de 150 km entre le poste Lebel et un nouveau poste à construire dans la municipalité d’Authier, ainsi que le rattachement de ce dernier aux postes de Figuery à Amos et au poste de Palmarolle par deux nouvelles lignes de 5 km chacune.
Selon l’étude d’impact sur l’environnement réalisée par Hydro-Québec l’an dernier, des simulations montrent que le transit d’électricité des prochaines années sur le réseau à 315 kV surpasserait la limite actuelle des installations. Plus loin, la société affirme que dans le cas de la perte d’un équipement, le réseau pourrait ne pas être en mesure de maintenir la tension et d’alimenter l’ensemble des clients de la région.
En ce qui concerne le réseau de transport à 120 kV, les simulations dévoilent qu’une perte d’équipement pourrait mener à la surcharge d’autres lignes ou à des niveaux de tension trop faibles dans les divers postes de transport concernés.
Les nouvelles infrastructures envisagées par Hydro-Québec créeraient ainsi une nouvelle voie d’acheminement de l’électricité provenant de la Baie-James, ce qui réduirait les chutes de tension sur l’ensemble du réseau de la région, augmentant par le fait même sa capacité d’absorber la croissance de consommation.
Après avoir souligné les lacunes du réseau de l’Abitibi-Témiscamingue pendant plus de trois ans, la société d’État fait volte-face et soutient maintenant que le réseau de la région possède une marge de manœuvre suffisante pour accueillir la croissance attendue au cours des prochaines années.
« On suit la consommation de la région depuis une bonne quinzaine d’années en continu. On a constaté, depuis ce temps, qu’il y avait une croissance constante. On a le devoir de répondre à la demande de la population, mais on a aussi le devoir de s’arrêter lorsque cette demande ne se matérialise pas. »
Questionnée par Radio-Canada sur les études d’évaluation de la demande des clients industriels, Hydro-Québec affirme que compte tenu de la volatilité du secteur minier, plusieurs entreprises y œuvrant suspendent, retardent ou abandonnent leurs projets pour des motifs leur appartenant, apportant un aspect de gestion de risques pour [la société].