
Pannes de courant : des citoyens exaspérés du «triangle des Bermudes d’Hochelaga »
Le Journal de Montréal
Pour des centaines d’habitants et de commerçants du quartier Hochelaga-Maisonneuve, se retrouver dans le noir une à deux fois par mois est devenu une habitude. Depuis plus de 10 ans, de courtes pannes d’électricité récurrentes plombent leur quotidien tandis qu’Hydro-Québec se fait avare d’explications.«Depuis quelques années, entre voisins, on a pris l’habitude de nommer notre coin de quartier “le triangle d’Hydro” parce que quand on regarde la carte des pannes sur leur site, ça en a parfois la forme. C’est comme si on était dans le triangle des Bermudes pour Hydro en tout cas», explique Pascal Proulx, qui réside sur la rue Joliette depuis 11 ans.
Sur la page Facebook Hochelaga mon quartier, qui comporte 59 000 membres, plus d’une centaine de personnes ont réagi à une publication d’un de leur concitoyen lançant un appel à un recours collectif contre Hydro-Québec.
Dans la section commentaires, les mêmes histoires de désagréments récurrents se multiplient : cours en ligne coupés abruptement, télétravail interrompu, nourriture perdue, perte de chauffage par grand froid... Deux nouvelles pannes coup sur coup survenues dans la journée du 11 janvier semblent avoir été la goutte de trop pour plusieurs.
«On a arrêté de remettre la bonne heure sur nos électroménagers après une panne, ça ne donne rien, c’est à recommencer à chaque fois», illustre Geordi-Gabriel Dumoulin, qui subit lui aussi ces pannes fréquemment et qui gêne son télétravail. Une autre citoyenne a quant à elle décidé de comptabiliser les pannes à partir de 2023 pour avoir un portrait de la situation. Selon ses dires, elle aurait vécu pas moins de 29 pannes depuis le 8 janvier 2023, incluant les 2 autres survenues mardi. «Et j’en ai sûrement manqué parce que je ne suis pas toujours chez moi», ajoute-t-elle.
Interpellé afin de fournir des explications, le porte-parole d’Hydro-Québec, Cendrix Bouchard, affirme qu’une analyse est toujours en cours dans le secteur afin de mieux comprendre l’origine de certains incidents.
Selon les données de la société d’État, pas moins de 38 interruptions différentes ont touché ce secteur précis en 2024, pour une durée moyenne de 338 minutes au total. C’est cependant moins élevé que la moyenne provinciale, qui se situe plutôt à 522 minutes. «Mais on est conscient que c’est un nombre d’interruptions qui est trop élevé», admet M. Bouchard, qui ajoute que 8 des 38 incidents de 2024 seraient liés à des événements de sécurité publique (fuite de gaz, incendie, accident de voiture, etc.) et donc hors du contrôle de la société d’État. Pour le reste, les pannes seraient liées à des branches qui entreraient en contact avec le réseau ou encore à l’intervention d’animaux, selon le porte-parole. Des patrouilles supplémentaires de gestion de la végétation seraient d’ailleurs prévues dans le secteur, selon lui. Mais sur Facebook, plusieurs citoyens affirment avoir avisé ou porté plainte auprès d’Hydro-Québec à de nombreuses reprises dans les dernières années. À chaque fois, les explications fournies laissent les citoyens dans le noir.
«J’ai envoyé un courriel il y a deux ans en lien avec ceci, écrit un résident. Il faut croire que les travaux promis en 2024 n’ont pas eu lieu. Je ne veux pas imaginer combien d’appels Hydro a reçus en lien avec ça à travers les années...»
