Panne chez Rogers : les réseaux devraient être des « biens publics », croient des experts
Radio-Canada
La panne qui a frappé le réseau de la compagnie Rogers vendredi met en lumière toute la vulnérabilité des systèmes privés de télécommunications, estiment des experts dans ce domaine.
Cette panne a souligné à grands traits le fait que les infrastructures et les services de télécommunications au Canada appartiennent à des entreprises privées, rappelle Vass Bednar, directrice du programme de maîtrise en politiques publiques pour la société numérique de l’Université McMaster.
La panne n'a pas seulement affecté les téléphones cellulaires de millions de Canadiens : de nombreux services ont été inaccessibles, des paiements Interac aux lignes d’urgence 911.
Mme Bednar soutient que les réseaux de télécommunications comme la téléphonie cellulaire et Internet devraient être considérés comme des biens publics. Selon elle, ils constituent une infrastructure numérique essentielle que nous devons utiliser, et pourtant, ils sont détenus et exploités par le secteur privé. Mme Bednar ajoute qu’il est peut-être temps pour les Canadiens de repenser sérieusement à [cette question].
Cet incident chez Rogers pourrait être dû à une mise à jour qui a mal tourné dans un des systèmes internes de l'entreprise, pense l'analyste en technologies Ritesh Kotak.
Selon lui, cette situation montre aussi la vulnérabilité de toute l’économie canadienne à ce genre de panne, qui peut la paralyser entièrement durant quelques heures, voire plusieurs jours. Cela devrait, selon lui, inciter les clients et les entreprises à diversifier leurs fournisseurs de services de télécommunications.
Nous dépendons de cette technologie, insiste M. Kotak, et cela a affecté plusieurs services gouvernementaux, les employés en télétravail ainsi que les transactions dans les commerces.
Cette panne survient au moment où Rogers et un autre géant du secteur, Shaw Communication, sont en médiation avec le Bureau canadien de la concurrence pour tenter d'obtenir le feu vert à leur fusion.
Plus tôt cette année, le Bureau avait bloqué la transaction, estimant que la nouvelle organisation qui en émergerait détiendrait une trop grande part du marché canadien, ce qui entraînerait des factures plus élevées pour les consommateurs.