On n’en a pas encore fini avec l’inflation
Radio-Canada
Ceux qui croyaient que l’inflation allait s'estomper tranquillement devront se raviser : on n’en a pas encore fini avec la hausse des prix, et le retour à la cible de 2 % de la Banque du Canada sera tout sauf un long fleuve tranquille. Une nouvelle hausse des taux d’intérêt pourrait même gâcher l’année, estiment les experts consultés par Radio-Canada.
On n’est pas encore sortis du bois. Les pressions inflationnistes sont plus vigoureuses que prévu, illustre Marc Desormeaux, économiste principal au Mouvement Desjardins, en entrevue avec Radio-Canada.
Il faut dire que les données du mois d’avril ont étonné plusieurs économistes qui s’attendaient à une stabilisation ou à une légère baisse de l’inflation. L’indice des prix à la consommation (IPC) a augmenté de 4,4 % le mois passé, une première accélération depuis juin 2022.
Il est certain qu’un mois ne fait pas une tendance. Mais soyons clairs : on peut dire que la partie facile est probablement derrière nous. La portion difficile est celle qui s’en vient. Ça va prendre un marché du travail en équilibre, avec une offre et une demande qui se rejoignent. Et par le passé, ça a malheureusement pris une récession aussi, croit le sénateur et économiste Clément Gignac.
En mars dernier, l’inflation avait décéléré de façon notable en raison des prix de l’essence qui avaient fortement diminué sur un an et compte tenu d'un effet dissipé de la guerre en Ukraine.
Toutefois, plusieurs facteurs continuent d’alimenter l’inflation. La croissance des salaires a été substantielle lors des derniers mois et l’inflation alimentaire continue de jouer dans la balance. Même le marché immobilier demeure étonnamment fort malgré la hausse des taux, notamment en raison des nouveaux arrivants qui stimulent ce secteur.
Compte tenu non seulement de l’épargne accumulée durant la pandémie mais aussi des généreux programmes des gouvernements, les ménages ont encore beaucoup d’argent. Les dépenses discrétionnaires sont substantielles, les restaurants sont pleins et le secteur du tourisme connaîtra une année exceptionnelle.
Les chiffres d’avril, ce n’est pas une surprise pour nous. Tous nos scénarios pointaient vers une inflation à 4 % en milieu d’année et on pense que ça va repartir à la hausse après coup. Ce qu’il faut comprendre, c’est que le début d’année masque ce qui se passe en dessous du capot, lance Sébastien Mc Mahon, économiste et stratège en chef chez iA Groupe financier.
Est-il alors illusoire de penser qu’on atteindra une inflation à 3 % en milieu d’année et de 2 % à la fin de 2024, comme le prédisait la Banque du Canada en avril dernier? La vénérable institution porte-t-elle des lunettes roses?