
Mort de Riley Fairholm : une intervention policière qui donne à réfléchir
Radio-Canada
Tracy Wing, la mère de Riley Fairholm, attend des réponses depuis quatre ans. Que s'est-il passé le 25 juillet 2018? Me Géhane Kamel, qui a entendu 22 témoins au cours de l'enquête publique du coroner, est très claire sur un point : elle ne retient pas la thèse du suicide par policier. Son rapport d'enquête, rendu public mercredi matin, revient sur les moments qui précèdent le tir mortel.
Les policiers ont agi « tel qu’enseigné à l’École nationale de police du Québec » lors de l’intervention au cours de laquelle Riley Fairholm a trouvé la mort le 25 juillet 2018, à Lac-Brome. C’est la conclusion à laquelle la coroner Géhane Kamel est parvenue dans son rapport à la suite de son enquête publique, dont Radio-Canada Estrie a pu obtenir copie.
Je n’ai pas de doute que les policiers ont craint pour leur vie, indique-t-elle. Cependant, Me Kamel réfute la thèse du suicide par policier interposé et estime qu’il est fondamental d’outiller les policiers avec les meilleures pratiques en matière de santé mentale.
La coroner a été chargée de l’enquête pour faire la lumière sur les circonstances ayant mené à la mort du jeune homme de 17 ans, abattu par les policiers d’un projectile à la tête. L’adolescent était en crise au moment des faits et brandissait un pistolet à air comprimé vers les policiers.
Questionnés à savoir s’ils s’étaient sentis en danger, les policiers ont tous répondu qu’ils ont craint pour leur vie, explique la coroner, dans son rapport. C’est dans cet état d’esprit que l’agent Desruisseaux a fait feu à 1 h 42, car il a eu une fenêtre d’opportunité et que Riley ne déposait pas son arme. Bien que ce fut une arme factice, cette information ne sera connue des policiers qu’après le tir fatal.
« J’ai demandé en cours d’enquête publique de faire une simulation à l’ENPQ. Cet exercice a eu lieu le 29 août 2022 et j’en retiens essentiellement qu’il est difficile de prévoir la réaction d’une personne en crise. »
Me Géhane Kamel cite, par ailleurs, le Modèle national de l’emploi de la force qui justifie l’utilisation d’un degré de force infligeant des lésions corporelles graves ou la mort. Le comportement du sujet porte l’agent à croire, pour des motifs raisonnables, que l’individu a l’intention ou est susceptible de causer des lésions corporelles graves ou la mort à une autre personne.
La coroner soutient cependant que la thèse du suicide interposé ne peut pas être retenue. Cette piste avait été suggérée pour expliquer pourquoi Riley Fairholm avait agi de la sorte. C’est ce dernier qui avait avisé les policiers qu’un individu armé - lui-même - se baladait sur la route 104 à Lac-Brome et avait un comportement inquiétant.
Me Géhane Kamel souligne plutôt que le jeune homme avait besoin d’aide et que si on avait mieux communiqué en amont, dès l’appel du 911 [...] la vie de Riley n’aurait pas été fauchée. Le rendez-vous fatal avec les policiers est à mes yeux la dernière pierre qu’il déposera pour obtenir de l’aide.
