#MoiAussi a changé la «game» pour les agent.e.s d’artistes
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Il y a cinq ans, la vague #MeToo – ou #MoiAussi – déferlait sur le monde, emportant avec elle des personnalités québécoises comme Gilbert Rozon et Éric Salvail. Bien d’autres noms sont tombés depuis et si on s’est beaucoup penché sur eux, on a plus rarement pensé aux gens qui les représentaient. La façon de gérer des artistes n’a pas vraiment changé, mais le milieu, lui, oui.
Véronique Bigras en sait quelque chose. Directrice marketing et associée au Groupe Phaneuf, elle a vu le mouvement se déployer en 2017, puis l’a connu de près en 2020, quand Julien Lacroix – représenté par sa boîte – a été dénoncé par neuf femmes pour des inconduites et des agressions sexuelles. L’entreprise a depuis cessé de faire de la gérance d’artistes pour se concentrer uniquement sur la production de spectacles.
«L’histoire de Julien Lacroix, pour nous, c’est le point de départ de nos actions très concrètes, malheureusement», admet-elle. Parce qu’avant les allégations contre l’humoriste, le Groupe Phaneuf n’avait pas instauré de politique particulière. Il s’était cependant positionné dans les médias dès 2017 en refusant de travailler avec les boîtes de Gilbert Rozon et d’Éric Salvail jusqu’à ce qu’elles changent de mains. L’entreprise avait aussi accueilli favorablement les actions du milieu, notamment la création de l’organisme L’Aparté pour venir en aide aux victimes du milieu culturel.
Depuis #MoiAussi, en matière de harcèlement et d’inconduite sexuels, les mots que martèle Véronique Bigras sont les mêmes que ceux répétés par Stéphane Belugou, de l’agence artistique du même nom: tolérance zéro.
L’agent se rappelle avoir dû s’imposer, il y a sept ou huit ans, auprès d’une production pour appuyer une actrice qu’il représentait et à qui on demandait de se dénuder pour une scène où aucune nudité n’était prévue. Il avait dû tout faire pour être entendu. «Maintenant, c’est l’inverse. À la moindre histoire, tout le monde prend ça très au sérieux. C’est un changement de paradigme complet», se réjouit-il.
Cette tolérance zéro, le Groupe Phaneuf tient à bien la faire comprendre aux artistes, mais aussi aux équipes techniques. Sans avoir de protocole établi, la politique est claire, explique Véronique Bigras: «Ici, on ne tolère rien, on dénonce tout et on parle quand on entend des rumeurs, parce que c’est important que ça soit porté à notre attention pour qu’on analyse tout ça. Il faut porter à l’esprit qu’on a tous un rôle à jouer.»
Avant #MoiAussi, tout était différent. «Il n’y avait rien de prévu [dans le milieu], mais ça ne veut pas dire que je n’aurais rien fait, lance Stéphane Belugou. Ce n’était pas une norme du tout; c’est après qu’on a commencé à recevoir des codes de bonne conduite.» Ceux-ci sont devenus standards dans les différentes productions depuis 2017.