Louer son cellulaire, comme une voiture
Radio-Canada
Rogers a été le premier fournisseur à offrir la location d’appareils en 2019, avec le programme « Voie express ». Puis Bell et Telus ont suivi avec, respectivement, « Option retour d’appareil » et « Option retour ». Cet automne, Vidéotron est finalement entré dans la danse en offrant son « Crédit retour ».
Ces fournisseurs offrent une économie de quelques centaines de dollars — après le calcul des taxes — si vous acceptez de louer plutôt que d’acheter. Dans le cas du nouveau iPhone 13 Pro par exemple, cette économie est en général d’un peu plus de 500 $ au bout de 24 mois. Résultat : avec les autres rabais consentis, vous pouvez vous offrir cet appareil pour environ 35 $ par mois, au lieu de 55 $. En plus des frais pour l’appareil, vous devrez ajouter ceux du forfait voix et données de votre choix.
Mais, comme pour le financement d’un bail automobile, vous ne serez jamais propriétaire de cet iPhone 13. Les mensualités que vous verserez pour l’appareil ne serviront qu’à couvrir la dépréciation de celui-ci. Et comme c’est le cas du bail automobile, vous vous engagez à remettre votre téléphone en bon état de fonctionnement à la fin de sa période contractuelle. Si vous tenez à l’acheter, vous pourrez le faire, moyennant le remboursement du montant du crédit prévu au programme.
Louer son appareil au lieu de l’acheter — et accepter de le retourner — permet de profiter du plus récent modèle pour moins cher, affirment les fournisseurs de services.
Un argument qui plaît à une partie des utilisateurs, selon Nadir Marcos, fondateur et président de PlanHub, une plateforme qui aide les consommateurs à déterminer quelle offre leur convient.
« Selon ce que les opérateurs me disent, c'est une option privilégiée par un segment du marché : ceux qui veulent le dernier cri. Bref, il y a de l'appétit pour ça dans le marché. »
Pour les modèles de téléphone intelligent sophistiqués, le prix avoisine souvent ou même dépasse les 1000 $. Plusieurs experts interrogés par La facture pensent que, devant cette hausse des prix, les fournisseurs ont vu dans le modèle de la location la solution pour garder les mensualités aussi basses et alléchantes que possible. D’autant plus qu’ils n’ont pas le droit de faire signer des contrats qui dépassent les 24 mois, comme l’a confirmé le CRTC en mars dernier, fait remarquer Anaïs Beaulieu-Laporte, analyste en politiques et réglementation des télécommunications à l’Union des consommateurs.
Anaïs Beaulieu-Laporte craint que ces plans de financement ne poussent certaines personnes à magasiner un appareil au-dessus de leurs besoins et de leurs moyens.
Selon Pierre Larouche, professeur titulaire à la Faculté de droit de l’Université de Montréal, une partie de la clientèle pourrait trouver dans les programmes de location une certaine souplesse pour changer son téléphone plus rapidement que tous les deux ans. L’arrivée d’un nouveau cellulaire sur le marché pourrait l'inciter à renégocier un nouveau contrat en cours de route.