Lieutenante-gouverneure unilingue au N.-B.: incompréhension devant l’appel d’Ottawa
Radio-Canada
La décision du gouvernement de Justin Trudeau de porter en appel le jugement d’un tribunal du Nouveau-Brunswick qui a déclaré inconstitutionnel le processus de nomination d’une lieutenante-gouverneure unilingue dans la province a suscité déception et incompréhension de la part de plusieurs intervenants francophones et acadiens.
Le spécialiste des droits linguistiques Erik Labelle Eastaugh, la Société de l'Acadie du Nouveau-Brunswick, le député du Bloc québécois Mario Beaulieu et le sénateur québécois et professeur de droit Claude Carignan se sont tous dits vivement déçus de cette position d’Ottawa.
Erik Labelle Eastaugh, directeur de l'observatoire international des droits linguistiques de l'Université de Moncton, affirme que les arguments d'Ottawa sont illogiques. Il a dénoncé l'hypocrisie de la décision du gouvernement fédéral.
Le juriste affirme que la décision d'Ottawa est en porte-à-faux avec les positions sur les droits linguistiques que le Parti libéral dit défendre.
« Si le gouvernement considère réellement qu'il est important que le lieutenant-gouverneur de cette province soit bilingue, il n'a qu'une chose à faire, c'est d'abandonner son appel. Selon moi, les arguments du gouvernement sont très faibles. Je ne leur aurais pas conseillé de porter la décision en appel avec les arguments qui sont avancés dans leur avis d'appel. »
La SANB a entamé la contestation du processus de nomination de la lieutenante-gouverneure Brenda Murphy devant la Cour du Banc de la Reine.
Le président de l'organisation, Alexandre Cédric Doucet, s'explique mal le revers d'Ottawa. Il trouve que le fédéral envoie un mauvais message à l’endroit des droits des Acadiens et des francophones, affirme-t-il.
« Une décision vient reconnaître et réparer un tort au niveau des droits des Acadiens et le gouvernement fédéral fait appel. C'est un peu un non-sens. On est certainement déçu »
La décision de première instance était excellente. Elle reconnaissait les droits des Acadiens et des francophones enchâssés dans la Constitution canadienne des droits et des libertés depuis plusieurs années. Cette décision est surprenante parce que le gouvernement fédéral avait démontré une ouverture des francophones partout dans le pays avec un projet de loi. Et là, il fait appel. C’est un peu un non-sens , clame-t-il.