Lewis Irving, chanceux dans sa malchance
Radio-Canada
Lewis Irving a vécu le cauchemar de tout sauteur acrobatique, il y a deux semaines, en Utah. Il s’est retrouvé 55 pieds dans les airs avec une rotation incontrôlable. Quelques secondes plus tard, son fémur gauche était fracturé et sa saison terminée. Et encore, il s’en est bien tiré.
J’ai été chanceux d’avoir juste ça. Je suis quand même tombé directement sur la tête de 55 pieds dans les airs , relate l’athlète de Québec.
De retour chez lui au repos forcé, Irving n’a aucun problème à parler de l’horrible chute dont il a été victime, le 2 février, à l’entraînement à Deer Valley. Il s’est fracturé le plus gros os du corps humain. La blessure lui coûtera une chance de monter sur le podium aux Championnats du monde.
Mais le principal intéressé en fait le récit avec détachement, se permettant même de rire de bon cœur. En ce moment, je ne fais pas grand-chose. Je mange beaucoup, j’écoute la télé et je joue aux jeux vidéos. Mais d’ici deux semaines, je devrais être de retour au PEPS pour recommencer à m'entraîner un peu.
Lewis Irving en était à son deuxième saut de la journée. Un saut très simple pour se réchauffer sur le tremplin. C’est une malchance. En sortant du saut, j’ai perdu l’équilibre un peu, donc j’ai donné beaucoup trop de rotation. J’ai essayé de la ralentir tout le long dans les airs, mais c’était impossible, relate-t-il.
Résultat, le sauteur de 27 ans a fait trois périlleux et demi. Une demi-rotation de trop. Il est atterri la tête à l'envers dans la pente inclinée, son casque frappant le sol de plein fouet. Heureusement, la force de l’impact semble avoir été transférée dans la culbute suivante. Celle qui a violemment ramené tout le poids de son corps sur sa jambe gauche.
Irving n’a pas perdu conscience. À peine le nuage de neige, créé par sa chute, dissipé qu’il était déjà entouré de secouristes et d'entraîneurs affolés. J’ai regardé mon entraîneur et je lui ai dit : "Je ne suis pas capable de respirer en ce moment. Ma jambe est cassée. Donne-moi une seconde." J’ai fermé les yeux et j’ai repris mon souffle.
Couché dans la neige, le Québécois a répondu à toutes les questions des secouristes. Il savait où il était, se rappelait de l'heure et de son nom. Pas de trace de commotion cérébrale. Ils m’ont vite mis un collier cervical. Dès qu’ils ont découpé mon pantalon de neige, quelqu’un a dit : "On a une fracture du fémur".
La suite s’est passée très vite. On l’a mis dans une ambulance vers un hôpital de Salt Lake City. L’ambulancier lui a retiré sa botte et lui a demandé de bouger ses orteils. Lewis Irving croyait les sentir bouger, mais il a soudainement eu un doute. Il y a eu un petit moment où je me suis demandé si j’avais un peu trop joué avec le feu et dépassé la limite , relate-t-il.