Les tricheurs : quand le golf fait tomber les masques
Radio-Canada
Les tricheurs n’est pas un film de sport, même s’il se déroule sur un terrain de golf. Le nouveau long métrage de Louis Godbout, qui a pris l’affiche vendredi, s’attaque avec un humour mordant aux beaux discours que l’on raconte pour masquer nos contradictions.
Le film suit l’histoire d’Hubert (Benoît Gouin), de son amoureuse Florence (Christine Beaulieu) et partenaire d’affaires et ami André (Steve Laplante), alors qu’ils prennent part à une ronde de golf amicale par un bel après-midi d’été. L’harmonie du trio est toutefois menacée lorsque Michel (Alexandre Goyette), un mystérieux golfeur solitaire, rejoint la troupe.
Durant 93 minutes, les quatre protagonistes des Tricheurs se retrouvent plongés dans un huis clos à ciel ouvert dont l’ambiance est sans cesse plus tendue et lourde. Au fil des 18 trous du parcours de golf, tous et toutes se retrouvent confrontés à leurs failles, qui sont masquées sous une épaisse couche de lustre.
Depuis quelques années, il y a eu beaucoup de beaux films qui ont une conscience, qui ont le cœur à la bonne place. Je voulais faire un film un peu plus cynique, un peu plus méchant, un peu espiègle. C'est pour ça que mes personnages sont moralement handicapés, raconte Louis Godbout, qui a enseigné la philosophie pendant 15 ans.
Je ne suis pas un cynique pessimiste ou un cynique triste, mais j’ai du mal à prendre au sérieux la vertu, ou la prétention à la vertu. Je parle par expérience : quand on fait un peu d’autoanalyse, on ne peut pas s’empêcher de rire de soi un petit peu, poursuit-il.
Le choix de plonger ses personnages dans l’univers du golf n’est pas anodin pour Louis Godbout : lui-même pratique ce sport depuis son plus jeune âge.
Un parcours de golf a une dimension de métaphore, ou de microcosme de la société plus large, et c’est un théâtre fantastique pour voir à l'œuvre les passions humaines, estime-t-il.
« Si vous voulez apprendre à connaître quelqu’un, amenez-le sur un terrain de golf pendant quatre heures, et à la fin, vous aurez une bonne idée du personnage. »
Louis Godbout profite d’ailleurs de son long métrage pour décocher quelques flèches envers le golf, un sport avec lequel il entretient une relation tantôt d’amour, tantôt de haine. Il admet, sourire en coin, que de porter Les tricheurs à l’a été une forme de thérapie.