Les palmiers de Vancouver, l’image tropicale d’une ville pluvieuse
Radio-Canada
Depuis 30 ans, le palmier de Chine, une espèce particulièrement rugueuse, est devenu chose courante dans le Grand Vancouver. Cet arbre asiatique orne maintenant des milliers de propriétés dans un environnement où il n’est pas du tout indigène, selon une société de jardinage de plantes exotiques.
Le Trachycarpus fortunei est indigène à certaines régions de la Chine, du Japon, de l'Inde et de la Birmanie. Il a été introduit en Europe au 19e siècle, notamment par le botaniste écossais Robert Fortune, d’où vient une partie du nom de l’espèce (trachycarpus signifie fruit rugueux en grec). Le palmier a fait fureur à la fin du 19e siècle dans différents pays européens grâce à sa tolérance aux températures froides. Il peut survivre jusqu’à -18 degrés Celsius, si cela ne dure pas trop longtemps.
Dans les années 80, un importateur suisse a fait venir des palmiers de Chine en Colombie-Britannique, explique John Brimacombe, le président de la Société des palmiers et plantes exotiques du Pacifique Nord-Ouest, un organisme qui a été créé en 1984 pour encourager le public à varier leurs styles de jardinage afin qu'ils soient plus méditerranéens ou tropicaux.
Tous les palmiers sur le bord de la mer dans le [quartier] West End de Vancouver ont été importés à la demande de notre société, dit M. Brimacombe, faisant référence aux dizaines de Trachycarpus fortunei qui longent la baie des Anglais, immanquables lorsque l'on se promène le long de cette partie du centre-ville depuis les années 80.
La société donnait à cette époque de nombreuses présentations devant des clubs de jardinage et des municipalités afin de faire la promotion du palmier de Chine, le seul qui est adapté au climat vancouvérois, selon M. Brimacombe.
La bonne nouvelle est que la société a réussi. La mauvaise nouvelle, c’est qu’elle a presque trop bien réussi. Désormais, tout le monde doit avoir un palmier!, plaisante John Brimacombe, notant que dans certains magasins, on peut se procurer un palmier pour 50 $. Des plants de plus de 1 mètre se vendent même pour des centaines de dollars, voire plus.
Ces arbres, une fois bien enracinés, fleurissent à Vancouver, et peuvent grandir de 30 cm par an, selon M. Brimacombe. D’ailleurs, il y en a maintenant suffisamment en ville pour que la pollinisation entre plantes mâles et femelles se fasse facilement, explique-t-il.
Le palmier que j'ai dans ma cour arrière, par exemple, je l’ai planté en 1985, et aujourd’hui il fait 7,6 m!, s’étonne M. Brimacombe, qui remarque qu’il a dû faire venir une petite grue pour l’élaguer.
J’ai deux réactions lorsque je vois les palmiers ici, dit David Tracey, un arboriculteur et auteur d’un livre sur les arbres de Vancouver, le Vancouver Tree Book. D'abord, je me dis, que faites-vous ici? On est au Canada, l’un des endroits les plus bénis au monde en ce qui concerne les arbres. Avant que les Européens arrivent, les plus grands arbres qui ont jamais poussé sur la planète, de toute l’histoire, poussaient ici.