Les origines autochtones de Montréal se trouveraient-elles... en Outaouais?
Radio-Canada
À qui appartient Montréal? Aux Mohawks? Aux Hurons-Wendats? Le groupe autochtone actuel le plus apte à revendiquer des droits sur l’archipel de Montréal, ce sont les Algonquins de l’Outaouais, analyse l’anthropologue Roland Viau dans son dernier ouvrage Gens du fleuve, gens de l’île, paru aux Éditions du Boréal.
Pour arriver à cette surprenante conclusion qui pourrait faire bondir plus d'un lecteur, l’auteur déploie une enquête sur 376 pages, fruit de 40 ans de recherches : victimes d’une probable épidémie à l’arrivée de Jacques Cartier et Jean-François de la Rocque de Roberval autour de 1540, les Montréalais de l’époque (les Iroquoiens) seraient partis se réfugier chez les Indiens amis dans la vallée des Outaouais pour échapper à des conflits armés.
La thèse de l’épidémie pourrait donc expliquer la disparition des communautés iroquoiennes de la vallée du Saint-Laurent dans la seconde moitié du XVIe siècle, un phénomène encore perçu comme un mystère, l’une des plus grandes énigmes de l’archéologie autochtone, indique M. Viau. Affaiblies démographiquement par les maladies, ces populations iroquoiennes auraient rejoint des communautés alliées de la vallée de l’Outaouais.
Face à ce sujet hautement inflammable politiquement, les réponses qu’il propose ne sont pas univoques ni indiscutables, tient-il à préciser d'emblée, tel un contrat de lecture.
Nous les assénons non pas comme des certitudes établies ou des vérités révélées, mais au mieux comme des hypothèses de travail à creuser comme de nouvelles possibilités d’études.
L’ethnohistorien, deux fois lauréat du Prix du Gouverneur général dans la catégorie essai, ose proposer une autre version du récit colonial. D’après ses recherches, une épidémie aurait décimé la population autochtone avant le XVIIe siècle, soit bien plus tôt que la version traditionnelle qui établit une vague d’épidémies mortelles dans les années 1630.
La colonisation européenne débute véritablement en 1541-1543 avec le troisième voyage de Cartier, puis celui de Roberval, précise l’auteur. Les Iroquoiens du Saint-Laurent auraient été le premier peuple autochtone à être victime des épidémies provoquées par l’arrivée des Européens.