
Les Ilnus de Mashteuiatsh à l’aube de leur avenir
Radio-Canada
Deux sujets sont sur toutes les lèvres lorsqu'on discute avec les représentants politiques des Pekuakamiulnuatsh, les Ilnus de Mashteuiatsh, au Lac-Saint-Jean. Des projets de constitution et de traité amènent présentement la communauté à brosser le portrait de son avenir à un moment où elle doit faire face à des défis de nature identitaire.
Bien que souvent mis en opposition, il s’agit de processus absolument complémentaires, affirme le chef Gilbert Dominique en entrevue avec Espaces autochtones.
D'un côté, il y a la constitution, dont la démarche a commencé en 2019, qui a pour vocation de permettre à la Première Nation de se définir pour ensuite adopter un système de valeurs à son image qui contiendrait des propositions visant a assurer sa gouvernance aux niveaux politique et juridique.
Par exemple, le conseil de bande, imposé par Ottawa et inspiré des systèmes occidentaux, pourra être ajusté pour adopter un modèle de gouvernance qui prend beaucoup plus en compte nos racines. Avec la constitution, nous pourrons revoir la place du chef dans le conseil par exemple, ou voir la possibilité de se doter d'un système paritaire hommes-femmes, dans le respect de nos valeurs ancestrales, explique le chef.
« Nos ancêtres avaient un genre de constitution [non écrite] , un genre de code moral et une manière de se diriger basée sur leur mode de vie. Ces éléments sont ancrés dans nos traditions et nous voulons nous en inspirer pour les adapter aux réalités modernes. »
De l'autre côté, il y a les négociations du regroupement Petapan (qui signifie aube dans la langue innue) avec Québec et Ottawa, entamées il y a plus de 40 ans, qui cherchent à clarifier les rapports entre les trois communautés innues concernées et les gouvernements par l'adoption d'un traité moderne.
Celui-ci organiserait la sortie de Mashteuiatsh, Nutashkuan et Essipit de la Loi sur les Indiens, selon leurs propres critères.
Le traité possède un potentiel historique, puisqu'il comporte plusieurs clauses inédites. Selon le souhait des Innus, il ne provoquerait aucune extinction des droits ancestraux et il reconnaîtrait un titre aborigène, qui pousse plus loin la notion de droit ancestral en reconnaissant une maîtrise exclusive du territoire, ressemblant à un droit de propriété.
Seraient également inclus la reconnaissance d'un droit inhérent à l'autodétermination et l'obligation pour les gouvernements de verser une quittance pour les dommages effectués par le passé sur le territoire ancestral, le Nitassinan.
