
Les droits linguistiques au Nouveau-Brunswick, un éternel combat à refaire
Radio-Canada
En arrivant à Moncton pour poursuivre ses études postsecondaires, Pascale Rioux-Doucet « frappe un mur ». L’Acadienne constate qu’elle a quitté une vie entièrement en français dans son bastion du Madawaska pour un quotidien où ses droits linguistiques ne sont ni assurés ni respectés.
Entre 2018 et 2020, la jeune femme originaire d’Edmundston s’engage auprès de la Fédération des étudiantes et étudiants du Campus universitaire de Moncton. Au sein de cette organisation, elle découvre à quel point les francophones font face à des enjeux linguistiques importants.
Aujourd’hui stagiaire en droit à la Cour d’appel du Nouveau-Brunswick, Pascale s’intéresse de près à la défense et à la reconnaissance des droits des communautés linguistiques en situation minoritaire. Sa carrière à peine commencée, elle ressent néanmoins une certaine déception à l’égard des luttes linguistiques. La jeune juriste se rend bien compte que la communauté acadienne doit revenir sans cesse au front afin de conserver des droits acquis aux termes de mobilisations passées.
Depuis des mois, les tensions linguistiques au Nouveau-Brunswick confirment les pires scénarios évoqués par Pascale Rioux-Doucet. Les récentes actions menées par le premier ministre Blaine Higgs sèment la grogne. Sa révision de la Loi sur les langues officielles a été qualifiée de « farce monumentale » par la Société de l'Acadie du Nouveau-Brunswick. Son gouvernement a par ailleurs dû faire marche arrière dans le dossier de la réforme du programme d’immersion française.
« On se dit qu’on est rendus en 2023. Pourquoi est-ce qu'on doit encore se battre pour quelque chose qu'on a acquis, au lieu de pouvoir reconnaître des nouveaux droits qui n'ont pas nécessairement vu le jour encore? »
La future avocate aspire à gagner de nouveaux droits pour les francophones, en plus de contribuer à faire disparaître les divisions entre les deux communautés linguistiques de sa province.
La fougueuse juriste devra mettre en veilleuse ces ambitions pour quelque temps. Après son assermentation comme avocate en juin, elle va donner naissance à son fils un mois plus tard.
La future maman et son mari, Alexandre Cédric Doucet, éprouvent beaucoup de difficulté à trouver une place en garderie francophone pour leur enfant. Malgré l’inquiétude, Pascale se retrousse les manches. Elle est déterminée à ce que les prochaines générations, comme celle de son garçon, aient une éducation dans leur langue maternelle et puissent survivre en français.
