Les bienfaits méconnus de la mousse
Radio-Canada
Du sommet des montagnes au milieu des tourbières, elles habitent le paysage et nous entourent. Notre regard les survole sans s'y accrocher, au point où nous oublions presque leur existence. Pourtant, les mousses contribuent à la santé des écosystèmes et possèdent des fonctions écologiques clés dans un contexte de changements climatiques. Voici ce qu'il faut savoir sur ces végétaux discrets.
Omniprésentes sur la planète, les mousses comptent parmi les plantes les plus anciennes. Elles peuplent les forêts tropicales comme les déserts et continuent de s'étendre vers le Nord, là où le froid entraîne le déclin d'autres espèces de végétaux.
Les mousses sont la forme la plus répandue des bryophytes, des plantes sans vaisseaux ni racines, qu'on dit non vasculaires.
Au Canada, on les trouve particulièrement dans les forêts boréales et les grandes tourbières, mais aussi le long de la côte ouest de la Colombie-Britannique, où non seulement le sol, mais aussi les roches, les troncs des arbres et leurs hautes branches en sont tapissés.
On a recensé plus de 1000 espèces au pays. Le Québec, à lui seul, en compte 652.
Sans que l'on s'en doute, les mousses jouent un rôle essentiel dans le maintien de la biodiversité des sols, auxquels elles confèrent de la stabilité. Une fois que le milieu n'est plus en mouvement, il reçoit de l'eau et des nutriments, le sol se développe et une biodiversité peut alors s'y installer, explique Nicole Fenton, spécialiste de l’écologie des bryophytes et de leurs habitats.
Les mousses génèrent ainsi un petit écosystème qui héberge, notamment, une variété d'invertébrés. Ceux-ci se nourrissent de ce qui s'accumule dans la mousse – une feuille tombée d'un arbre, un champignon qui pousse dans le sol ou bien d'autres insectes qui s'y sont établis.
On y retrouve aussi toutes sortes de bactéries qu'on ne connaît pas, ou très peu, souligne Mme Fenton, directrice de l’Institut de recherche sur les forêts de l'Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT). Ça peut être des champignons également; des espèces qui ont inféodées à ces habitats spécifiques. Ce genre de biodiversité est encore assez méconnue.
Des recherches ont néanmoins pu documenter la vie qui se développe au sein des sphaignes, un type de mousse qui possède des propriétés antifongiques et antibactériennes. Historiquement, les gens utilisaient la sphaigne pour traiter des plaies, parce que ça réduisait les chances d’infection, donne en exemple Mme Fenton.