Les biais cognitifs ou quand le cerveau nous joue des tours
Radio-Canada
Vous avez peut-être vu le film satirique Déni cosmique (Don’t Look Up, en anglais), qui raconte l’histoire d’une immense comète qui va frapper la Terre. Des scientifiques tirent la sonnette d’alarme, mais se butent à l’indifférence généralisée. C’est une métaphore du danger du réchauffement climatique qui nous guette. Ce film expose aussi des biais cognitifs qui nous rendent vulnérables à la désinformation.
Dans Déni cosmique, les chercheurs qui ont identifié la comète implorent la présidente des États-Unis et les médias de relayer leur message et d’agir au plus vite : nous allons tous mourir dans six mois lorsque la comète percutera notre planète.
Mais ils font face à un mur d’indifférence. Les médias préfèrent traiter de mondanités, le pouvoir politique est en déni ou trop préoccupé par sa réélection et les intérêts économiques dominants veulent tirer profit de l’affaire au détriment du bien collectif.
Ce film dénonce les travers de nos sociétés, mais révèle aussi des biais cognitifs qui sont présents chez nous tous. Il s’agit de mécanismes psychologiques essentiels à notre cerveau, qui doit traiter et trier chaque jour des tonnes d’informations en très peu de temps. Ce sont aussi ces fameux biais cognitifs qui font que l’on est la proie de la désinformation.
Dans le film, beaucoup pensent que l’arrivée de la comète est une fausse nouvelle, ce qui est entretenu par des politiciens ou des individus en ligne.
Ils refusent d’accepter la réalité – consciemment ou inconsciemment –, soit parce qu’elle est trop dure, soit parce qu’elle brime leurs désirs et va à l'encontre de leurs besoins. C’est ainsi que la désinformation se répand comme une traînée de poudre, qui fait qu’on nie l’existence de la comète.
Ici entre en jeu le biais de confirmation, bien connu en psychologie. On tend à sélectionner les informations – vraies ou fausses – qui renforcent nos préconceptions, nos croyances. Et on met de côté les informations que l’on ne veut pas entendre, comme l'expliquait le psychologue et neuroscientifique Albert Moukheiber (Nouvelle fenêtre) lors d'une conférence en novembre dernier.
C’est un mécanisme très ancré dans notre cerveau, qui a permis aux humains de survivre depuis la nuit des temps, mais qui peut aussi nous nuire collectivement.
Sur le plan individuel, il permet de réduire l'inconfort provoqué par l'incertitude en plus de nous faire prendre des décisions rapidement, sans trop nous poser de questions. Cela nous fait économiser du temps et des efforts : il serait en effet trop long et fastidieux d'analyser dans le détail toutes les informations qui nous sont destinées chaque jour. Mais dans une société complexe, cela peut devenir problématique.