Le variant omicron et le jour de la marmotte
Radio-Canada
Comme il semble loin, le temps où l’on répétait qu’il fallait « apprendre à vivre avec le virus ». Pourtant c’était il y a à peine une semaine, quand on prévoyait encore 20 couverts au réveillon. Quatre jours ont suffi pour que le gouvernement reprenne son discours des heures sombres de la pandémie : « rentrez chez vous, diminuez vos contacts ».
On a l’impression de rejouer dans le même mauvais film, mais lequel? Celui du dernier temps des Fêtes, quand le premier ministre avait dû faire marche arrière pour imposer de petits partys? Ou bien celui de mars 2020, quand on était passé du mode insouciance au mode panique, quasiment du jour au lendemain?
Rappelons-nous ce 10 mars, alors que le ministre des Finances, Éric Girard, présentait un budget qui craignait autant le coronavirus que le Brexit ou l’instabilité des cours du pétrole. Quatre jours plus tard, le gouvernement déclarait l’état d’urgence sanitaire, toujours en vigueur.
À bien des égards, le deuxième scénario semble plus proche de ce que l’on vit actuellement. On croyait la pandémie derrière nous, on se préparait tranquillement pour nos vacances des Fêtes, et bang! Omicron vient chambouler notre existence comme la COVID-19 l’a fait il y a presque deux ans.
C’est peut-être ce qui rend la pilule encore plus difficile à avaler. Quoi? Tout ça pour ça? On a vanté la discipline des Québécois, qui ont respecté des consignes parmi les plus sévères en Amérique du Nord, et participé massivement à la campagne de vaccination, pour revenir à la case départ?
Réduction de la capacité des restaurants, interdiction des compétitions sportives, match du Canadien à huis clos : quelle terrible impression de déjà-vu. Les Québécois rejouent dans un film qu’ils auraient préféré oublier, lâche Joël Arseneau, du Parti québécois.
Et Horacio Arruda, le directeur national de santé publique, qui nous rappelle ses mots lors de sa première conférence de presse : ce que je dis aujourd’hui peut changer demain. Il ne croyait pas si bien dire : beaucoup, beaucoup de choses ont quand même changé depuis la première vague.
À commencer par l’attitude des gens elle-même. Le député solidaire Gabriel Nadeau-Dubois parle d’une véritable chape de plomb [qui] s'abat sur le moral des Québécois. Il suffit de regarder autour de soi pour lui donner raison.
Il y a de quoi déprimer, avouons-le, quand le nombre d’infections grimpe en flèche, et que l’Institut national d’excellence en santé et services sociaux (INESSS) projette un débordement des capacités hospitalières d’ici trois semaines… Tout ça alors qu’une autre chose a changé depuis un an : 80 % de la population est maintenant vaccinée.