
Le suicide de Madame M en prison était évitable, selon la coroner
Radio-Canada
La coroner qui a mené l'enquête sur les circonstances entourant le suicide de Michele Messina - Madame M - conclut que celui-ci aurait pu être évité, et fait une série de recommandations pour éviter qu'un drame similaire ne se reproduise.
En novembre 2019, Michele Messina a mis fin à ses jours alors qu'elle était sur le point d'être extradée aux États-Unis pour y être accusée d'enlèvement d'enfants.
La mère de famille de Lac-Mégantic s’est battue pendant près d’une décennie devant les tribunaux pour échapper à son extradition vers les États-Unis. L'État de Géorgie réclamait son retour pour l’accuser du kidnapping de ses trois enfants, alors qu'elle soutenait qu'elle avait quitté le pays pour protéger ses enfants de la violence de leur père.
La coroner Julie Blondin estime que lors de son arrivée à l'Établissement de détention Leclerc, à la fin du mois d'octobre 2019, l'analyse du risque suicidaire n'a pas été faite convenablement. Elle conclut que Michele Messina vivait de la détresse et elle aurait dû avoir accès à un meilleur soutien psychologique.
Les problèmes de celle qui était surnommée à l'époque Madame M en raison des ordonnances de non-publication visant à ne pas identifier ses enfants mineurs, ont commencé en 2010. Elle a des problèmes d'alcool et n'a pas la garde de ses enfants. Ces derniers, qui résident chez leur père, sont toutefois victimes de violence. Pour les protéger, elle les amène au Canada, où elle est née, et trouve refuge dans un centre pour femmes et enfants victimes de violence conjugale, où elle est arrêtée à Noël. Peu de temps après, les États-Unis demandent son extradition pour l'accuser de l'enlèvement de ses trois enfants.
Pour elle, il n'était pas question qu'elle retourne en Géorgie pour y subir son procès; elle le répète régulièrement à ses proches. Pendant neuf ans, elle conteste son extradition et s'adresse à deux reprises à la Cour suprême. À l'automne 2019, tous ses recours sont épuisés. Sa deuxième demande est rejetée et elle doit être extradée.
Le rapport de la coroner souligne qu'à son admission à l'Établissement de détention Leclerc, le 30 octobre 2019, Michele Messina souffre d'anxiété et d'hypertension. Une évaluation conclut qu'elle ne présente pas de risque de s'en prendre à elle-même.
Cependant, dès le lendemain, sa co-détenue rapporte qu'elle a des idées suicidaires. Malgré une tentative faite quelques jours avant son incarcération, et le fait que son avocate, Me Marie-Hélène Giroux, signale aussi les idées suicidaires de sa cliente à l'Établissement de détention, l'agente qui l'évalue indique également qu'il n'y a aucun danger qu'elle passe à l'acte.
Elle note également que Michele Messina n'a jamais fait de tentative de suicide et que cette dernière indique qu'elle n'a jamais consommé de stupéfiants, deux informations erronées.
