Le retour de l’enfer de Die-On
Radio-Canada
Ma première discussion avec Christian Dionne remonte à avril 2018 (Nouvelle fenêtre). Il était alors en cavale, au fin fond de la Colombie, là où les narcotrafiquants, les paramilitaires et les guérillas font la loi. À l’époque, je n’avais pas l’autorisation de mentionner le pays où il se trouvait.
Il est maintenant de retour au Québec. Après deux ans de pénitencier, l’homme à qui je parle semble transformé. Il a toujours ses airs de fier-à-bras, avec son crâne rasé et ses nombreux tatouages. Mais l’ex-trafiquant de drogue consacre aujourd’hui son temps à la Maison Stéphane Fallu, avec les jeunes qui sortent d'un centre jeunesse, et à sa passion pour la musique.
Mais la route du retour de la Colombie a été très longue. Quand je t'ai parlé il y a quatre ans, j’étais au fond de la jungle, me dit-il. Tout était contrôlé par les guérilleros des FARC ou de l’ELN ou les paramilitaires des Aigles noirs. Dans ma tête, j’étais devenu Colombien. Je ne voyais pas le danger.
Christian Dionne était alors recherché par la Sûreté du Québec (SQ) en lien avec le démantèlement d’un réseau de trafic de stupéfiants qui a eu lieu à Québec en 2015. Il faisait face à des accusations de gangstérisme, de complot et de trafic de stupéfiants. Son réseau était lié aux Hells Angels.
On vendait principalement de la méthamphétamine et de la cocaïne, admet-il. On en menait très large à Québec.
Lorsque ses complices se font arrêter, il est en voyage en Colombie avec sa conjointe de l’époque, originaire du pays d’Amérique latine. Il décide alors de déchirer son billet de retour au Canada.
À l’époque, il venait tout juste de terminer de tourner le vidéoclip de Plume noire (Nouvelle fenêtre)avec son groupe Facekché, dont faisaient partie les rappeurs Souldia et Infrak. Depuis son exil en Colombie, l’un est devenu une figure incontournable de la musique au Québec et l’autre est tristement décédé d’une surdose d’opioïdes en novembre 2017 (Nouvelle fenêtre).
On dirait que je ne réalise pas qu’il est mort, dit-il, la gorge nouée. Je n’ai pas fait mon deuil. La nuit avant qu’il meure, il m’a appelé et je n’ai pas répondu. Je ne sais pas si j’aurais pu faire de quoi et je ne le saurai jamais.
Durant sa cavale, Christian Dionne profite de sa liberté et n’est pas inquiété par les autorités canadiennes. Il vivra dans un condo luxueux au bord de la mer, mais il se retrouvera aussi dans une piquerie délabrée de la ville de Cali, où il est littéralement tombé dans l’enfer de la cocaïne.