Le rêve fou de ces Québécois qui voulaient représenter Haïti au Mondial de futsal
Radio-Canada
L’idée avait germé dans la tête d’Alain Grégoire : puisque Haïti n’avait pas pris part aux qualifications des deux dernières Coupes du monde de futsal, après avoir subi une cuisante défaite de 13-0 face au Costa Rica à celle de 2008, pourquoi ne pas monter une équipe de Québécois issus de la diaspora haïtienne, plus rompus à ce pendant intérieur du soccer joué à cinq? Convaincre la fédération nationale aura été leur moins grand souci. Récit d’une aventure folle… qu’ils sont déjà prêts à recommencer.
Il n'y a pas réellement de futsal en Haïti. Ça laissait la porte à Alain d’essayer et d’espérer, explique Alexandre Kénol, un passionné qui s’est retrouvé presque malgré lui, entraîneur de la sélection, à une cinquantaine de personnes réunies à la Maison d'Haïti pour écouter leur récit.
De fil en aiguille, relate-t-il, Alain Grégoire a pu entrer en contact avec le président de la Fédération haïtienne de football (qui chapeaute comme la Fédération internationale de football associationFIFA et la Confédération de football d'Amérique du Nord, d'Amérique centrale et des CaraïbesCONCACAF aussi le futsal), Yves Jean-Baert, mieux connu sous le nom de Dadou. Dadou a été clair avec le Québécois : il n’avait pas d’argent à mettre dans le futsal, voulant consacrer toutes ses ressources au soccer extérieur, mais il lui a donné sa bénédiction.
Si vous dites que vous êtes bons et que ça peut faire en sorte que la nation haïtienne et les diasporas haïtiennes puisse bien paraître, pourquoi pas?, résume Alexandre Kénol les propos tenus par Dadou.
Ainsi, Alain Grégoire est revenu au Québec après avoir rencontré Dadou à Boston avec l’assurance que la sélection pourrait prendre part aux qualifications du Mondial. Le projet est toutefois mis sur la glace avec le report du tournoi, initialement prévu en 2020, en raison de la COVID-19. Ce n’est qu’au tournant de l’année que les qualifications sont officiellement annoncées, au Guatemala, au début du mois de mai 2021. L’équipe n’a que quelques mois pour être finalisée, s’entraîner et se préparer sérieusement à défendre les couleurs des Grenadiers.
Les joueurs, qui avaient entendu parler de ce projet depuis longtemps, prendront du temps à croire qu’ils représenteront bel et bien Haïti, même que certains n’abandonneront toutes leurs réserves seulement une fois dans l’avion pour l’Amérique centrale.
Quand on m'a approché, la première fois, je me rappelle, c'était un match, un dimanche. C'était un match de championnat et Alain m'a approché pour me parler et savoir si ça m’intéressait de le suivre dans cette aventure, un peu curieuse. Pourquoi pas?, raconte Shaquille Michaud, futur capitaine de la sélection haïtienne.
« Quand j’ai appris l'existence du projet, au début, c'était dur d'y croire. Mais il y a une petite partie de moi qui y croyait quand même… »
Bernick Montfort, qui va marquer le premier but de la sélection face… au Canada, et Dylan Barthalémy, étaient plus sceptiques face au projet.