Le premier ministre haïtien congédie le procureur qui le menaçait d’inculpation
Radio-Canada
Menace d'inculpation contre limogeage : l'enquête sur l'assassinat en juillet du président haïtien a de nouveau tourné à la confusion, mardi, exposant au grand jour les luttes intestines à la tête du pays le plus pauvre des Amériques.
Le directeur des poursuites de Port-au-Prince, la capitale d'Haïti, a demandé dans la matinée au juge enquêtant sur le meurtre du président Jovenel Moïse d'inculper le premier ministre, en raison d'appels téléphoniques qu'il aurait eus avec l'un des principaux suspects dans l'affaire.
Bed-Ford Claude, le commissaire du gouvernement de Port-au-Prince, a aussi exigé qu'Ariel Henry soit interdit de quitter le territoire haïtien en raison de la gravité des faits exposés. Il avait assuré disposer de suffisamment d'éléments compromettants.
Mais quelques heures plus tard, coup de théâtre : le premier ministre a annoncé limoger le procureur pour faute administrative grave.
Ce nouveau rebondissement s'ajoute à l'immense chaos qui règne dans l'enquête sur l'assassinat le 7 juillet de Jovenel Moïse par un commando armé.
Quarante-quatre personnes, dont 18 Colombiens et deux Américains d'origine haïtienne, ont déjà été arrêtées dans le cadre de l'enquête sur ce meurtre, commis à son domicile sans qu'aucun policier de sa sécurité rapprochée ne soit blessé.
Rapidement, certains spécialistes du droit se sont alarmés de la mainmise de politiques sur la justice, voyant dans la démarche du procureur une entrave à l'indépendance de cette institution. Certains dans les cercles du gouvernement avaient en effet appelé ces derniers jours à la démission du premier ministre.