Le Parti conservateur demande à ses députés de se taire sur l’avortement
Radio-Canada
Quelques heures seulement après des révélations explosives aux États-Unis sur l’avenir de l’accès à l’avortement, le Parti conservateur du Canada (PCC) a envoyé une directive claire à ses élus.
Les conservateurs ne commenteront pas la fuite de l’avant-projet d’une décision par la Cour suprême des États-Unis, peut-on lire dans la missive envoyée aux députés conservateurs et leur personnel, obtenue par Radio-Canada et d'abord publiée par le Globe and Mail.
Lundi, le site américain Politico a dévoilé l’avant-projet d'une décision majoritaire rédigée par le juge conservateur Samuel Alito qui qualifie d’infondé l’arrêt Roe c. Wade. Si cette conclusion est effectivement retenue, la Cour suprême des États-Unis pourrait annuler le droit à l’avortement dans le pays.
Cette consigne de ne pas commenter est la preuve que ce parti n’est pas capable de s’assumer dans ses positions et qu’il ne fait pas confiance à ses propres députés, indique une source conservatrice influente au sein de l’organisation.
La direction du parti est consciente que c’est un enjeu problématique qui crée des tensions à l’interne, poursuit-elle, et veut éviter des tiraillements comme la formation politique a connu sous le leadership d’Erin O’Toole.
La décision d’envoyer cette note vient directement du bureau de la cheffe intérimaire Candice Bergen, selon une autre source conservatrice de l’ouest du pays. Elle voit son rôle comme une position où elle doit protéger l'image de marque du parti jusqu'à l'arrivée du prochain chef, et elle veut éviter les enjeux qui polarisent, explique ce conservateur.
Il ajoute que, selon lui, c'est un dossier épineux pour Candice Bergen, puisque la population de sa circonscription est très religieuse et socialement conservatrice. Son réflexe c'est d'éviter ces enjeux autant que possible, avance cette source.
D’autres membres du parti estiment qu’il est prématuré de se prononcer sur une fuite de documents, dans un dossier qui touche par ailleurs les États-Unis et non le Canada.
C’est ridicule qu’on demande à des politiciens canadiens de commenter des événements qui n’ont pas de lien clair avec notre pays, lance un attaché politique, qui a reçu la note mercredi matin. La jurisprudence n’est pas la même entre les deux pays.
