Le pape pourra-t-il redonner la foi aux Autochtones canadiens?
Radio-Canada
Les couleurs du revêtement de l’église Sainte-Rose-de-Lima rappellent une forêt en automne. Un peu isolée sur une colline, la petite église détonne tout de même dans le paysage de Wemotaci, en Haute-Mauricie.
Le stationnement est grand, mais il est rarement occupé. Ce matin, on note un peu de va-et-vient. Ce n’est pas la foi qui attire les visiteurs, mais la banque alimentaire de la communauté.
Une fois par mois, on distribue de la nourriture dans l’église. Pour plusieurs, c’est la seule raison de revenir dans ce lieu de culte bâti dans les années 80.
Ça fait 5 ou 6, peut-être 7 ans que je ne viens plus à la messe, explique un homme avant de monter dans son camion. Ça fait trop d’années que les prêtres nous ont dit des mensonges.
C’est vraiment les aînés qui viennent à l’église, confirme Martine Coocoo, l’une des responsables de la distribution alimentaire. Elle nous accueille près de l’autel, les boîtes de pâtes et de gruau et les sacs de farine déposés sur les bancs.
Elle-même ne vient plus vraiment prier ici et préfère des cérémonies plus près des traditions autochtones. Elle n'est pas la seule. Le nombre de fidèles dans cette communauté de 1200 âmes témoigne de ces changements.
L’un des derniers à avoir officié à Wemotaci a laissé tout un héritage. Le père Raynald Couture non seulement a bâti l’église dans les années 80, mais il a aussi agressé sexuellement plusieurs jeunes garçons.
Des viols parfois commis dans une petite pièce insonorisée du sous-sol de l’église. Il a fallu des années avant que les victimes parlent. Ils sont au moins huit. Peut-être davantage.
Raynald Couture a été condamné à 15 mois de prison. Mais ses gestes hantent toujours l’église de Wemotaci. Au point que certains souhaitent carrément qu’elle soit démolie.