
Le gras pourrait-il ralentir l’apparition du diabète de type 2?
Radio-Canada
L’exposition du pancréas au gras l’aiderait à s’adapter à un excès de sucre, ralentissant par le fait même l’apparition du diabète, montrent les travaux de chercheurs suisses associés à l’Université de Genève.
L’étude de Lucie Oberhauser et de ses collègues de l’Université de Genève tend à contredire l’hypothèse selon laquelle une alimentation trop riche altère le fonctionnement des cellules pancréatiques et rend la régulation du taux de sucre dans le sang moins efficace, une réalité qui mènerait à l’apparition du diabète de type 2.
Ainsi, ces chercheurs pensent que le gras n’aggraverait pas forcément la maladie métabolique, et qu'il pourrait jouer un rôle protecteur et retarder son apparition. Ils viennent à ce constat après avoir étudié les cellules bêta pancréatiques productrices d’insuline.
En analysant les mécanismes cellulaires à l’œuvre, l’équipe de recherche a ainsi découvert comment un cycle de stockage et déstockage du gras permettait aux cellules de s’adapter à l’excès de sucre, explique l’Université dans un communiqué.
Dans le détail, le diabète de type 2 est la forme la plus fréquente de diabète, avec 90 % des cas. Il apparaît à la suite d’un dysfonctionnement des cellules bêta du pancréas, chargées de sécréter l’insuline. Ce mauvais fonctionnement perturbe la régulation du taux de sucre dans le sang et peut provoquer plusieurs complications notamment aux yeux, aux reins, aux nerfs, au cœur et aux vaisseaux sanguins.
Dans les années 70, le gras a été montré du doigt et le concept de lipotoxicité est apparu : une exposition au gras des cellules bêta serait la source de leur détérioration. Plus récemment, l’excès de sucre a été lui aussi accusé d’endommager les cellules bêta et de favoriser le développement du diabète de type 2, expliquent les chercheurs, dont les travaux sont publiés dans la revue Diabetologia (Nouvelle fenêtre) (en anglais).
De nos jours, le rôle du sucre dans l’apparition de la maladie ne fait plus aucun doute, mais le rôle du gras dans le dysfonctionnement des cellules bêta reste ambigu. C’est pour mieux cerner les mécanismes cellulaires en jeu que les chercheurs ont mené leur étude. Nous avons étudié les adaptations de cellules bêta humaines et murines à des excès de sucre ou de gras, affirme le Pr Pierre Maechler, qui a dirigé les travaux.
Pour arriver à distinguer l’effet du gras de celui du sucre, les scientifiques ont exposé des cellules bêta à un excès de sucre, à un excès de gras, puis à une combinaison des deux.
Sans surprise, la toxicité du sucre a été confirmée. Les cellules bêta exposées à un haut taux de sucre sécrétaient beaucoup moins d’insuline que la normale, notent les chercheurs.
