Le Fonds vert toujours aussi opaque
Radio-Canada
Plus d’une année après la refonte du Fonds vert, il n’y a toujours aucun état financier ni de chiffres pour faire une analyse en bonne et due forme. Québec avait pourtant promis une « transparence accrue » et une « reddition de comptes plus efficace ».
Vous vous souvenez de ces millions de dollars du Fonds vert donnés à Énergie Valero pour un oléoduc et à Air Canada pour des ailettes? Le professeur spécialisé en énergie de HEC Montréal, Pierre-Olivier Pineau, croit qu’éviter un scénario semblable représente encore un défi tout à fait réel.
Depuis octobre 2020, le Fonds vert a été rebaptisé par le gouvernement caquiste en Fonds d’électrification et des changements climatiques (FECC). Avec un solde de 1,45 milliard de dollars au 31 mars, il est le deuxième en importance parmi les fonds spéciaux du gouvernement du Québec après le Fonds des générations.
L’argent doit servir à financer des projets visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre, tels que le programme de rabais à l’achat de voitures électriques (Roulez vert). Le gouvernement n’a pas exclu d’y avoir recours pour financer une partie du projet de tunnel entre Québec et Lévis.
Personnellement, je crains une politisation accrue des dépenses du Fonds vert, s’inquiète M. Pineau. On a vu qu’il y avait beaucoup d’autres dépenses qui sont faites par décret plutôt que d’être faites à travers des programmes balisés.
M. Pineau connaît bien le sujet. Il est membre du Comité consultatif sur les changements climatiques qui a été mis sur pied, lors de la réforme du Fonds vert, à titre de mécanisme externe pour veiller à la transparence et à la reddition de comptes.
« Il n’y a certainement pas davantage de transparence à l’heure où on se parle. On a perdu même de la confiance dans le rythme de divulgation des informations. [...] On a perdu de l'information dans la transition. Aujourd’hui, on a certainement perdu au change en termes de transparence. »
Les 13 personnes qui siègent au comité consultatif agissent à titre de bénévoles parallèlement à leurs obligations professionnelles et se réunissent seulement une fois par mois. Pierre-Olivier Pineau estime qu’il s’agit d’un sujet sur lequel le comité devra se pencher à l’avenir, mais que ce comité ne peut pas se pencher sur toutes les questions.
Le 29 novembre, le comité publiait un premier avis transmis 30 jours plus tôt au ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, Benoit Charette. Ses recommandations portaient principalement sur l’atteinte de la carboneutralité, dont la mise en place d’un dispositif de suivi et de planification de l’action climatique à court et moyen termes, sous la forme d’un budget carbone.