
Le Canada devrait-il avoir une réserve stratégique de pétrole?
Radio-Canada
Face à la hausse sans fin des prix du pétrole, les États-Unis et d’autres puissances mondiales ont débloqué 60 millions de barils de leurs réserves stratégiques la semaine dernière. Le Canada, cinquième producteur mondial de pétrole, ne peut pas suivre le mouvement parce qu'il n’a pas de réserve stratégique. Devrait-il s’en constituer une? La question divise.
Le Canada est un des rares pays à ne pas avoir une telle réserve. Depuis sa création, dans les années 1970, l’Agence internationale de l’énergie oblige tous les États à détenir une réserve de pétrole pour faire face à une interruption d’approvisionnement. La réserve doit correspondre à au moins 90 jours d’importations de pétrole.
Le Canada, tout comme le Mexique et la Norvège, n’a pas à respecter cette obligation parce que ce sont des exportateurs nets de pétrole.
Même sans obligation internationale, Gordon Laxer, l’un des fondateurs de l’Institut Parkland, un centre non partisan de recherche sur la politique économique de l'Université de l'Alberta, croit qu’une réserve serait un choix judicieux pour assurer la sécurité énergétique du Canada.
Si l’Ouest canadien produit et exporte du pétrole, l’est doit en importer en grandes quantités, souligne ce professeur émérite de l'Université de l'Alberta. En 2020, environ 40 % du pétrole brut utilisé par les raffineries canadiennes était importé, majoritairement des États-Unis, selon la Régie de l’énergie du Canada.
Ces importations font que les Canadiens de la région Atlantique et en partie du Québec sont vulnérables à une crise d’approvisionnement, affirme Gordon Laxer, qui a écrit un rapport sur le sujet en 2008.
Selon lui, la politique énergétique canadienne a toujours été bâtie sur une vision nord-américaine au lieu de répondre en premier aux besoins des Canadiens.
« Le fait d'établir une réserve stratégique nous offrirait une sécurité énergétique. »
Une réserve stratégique pourrait aussi être à l’avantage de l’Alberta. En 2018, à cause du manque de place dans les pipelines et d’un prix trop bas du pétrole albertain, le gouvernement néo-démocrate a dû rationner la production de bitume.
