
Le «scandale» des progestines
TVA Nouvelles
Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi on craint l’hormonothérapie à la ménopause? Que l’on parle surtout de ses risques?
Faisons un bref retour en arrière. En juillet 2002 paraissaient les premiers résultats de la plus grande étude réalisée à ce jour en hormonothérapie, la Women’s Health Initiative (étude WHI).
Avant juillet 2002, sur la base d’un très grand nombre d’études, les estrogènes étaient pourtant considérés comme protecteurs contre un grand nombre de maladies liées au vieillissement, incluant les maladies cardiovasculaires, la maladie d’Alzheimer et l’ostéoporose. Alors, qu’est-ce qui explique ce changement total de paradigme?
Malheureusement, une mauvaise interprétation des premiers résultats de cette étude a entraîné une peur phobique des estrogènes. La prise d’estrogènes à la ménopause est alors devenue du jour au lendemain responsable d’un risque augmenté de cancer du sein et de maladies cardiovasculaires, même l’infarctus du myocarde. Quelle catastrophe! À bas les estrogènes! Depuis plus de deux décennies, les femmes en subissent les conséquences désastreuses.
Ce qui est difficilement explicable, c’est que deux ans plus tard (2004), les chercheurs avaient déjà réalisé que c’était une progestine (l’acétate de médroxyprogestérone ou AMP) qui était responsable de l’augmentation du risque de cancer du sein et de l’infarctus du myocarde, et non les estrogènes. Mais on a continué à propager la peur des estrogènes, mais non celle des progestines, qui, pourtant, à la lumière de toutes les données scientifiques, sont les principales responsables des risques attribuables à l’hormonothérapie. (Et ces risques sont évitables avec une hormonothérapie bien prescrite composée d’estradiol-17β transdermique et de progestérone. Ces hormones sont identiques à celles produites par les ovaires.)
Dans l’étude WHI, la prise d’estrogènes pendant environ 7 ans chez les femmes âgées de 50 à 59 ans a diminué le risque d’infarctus du myocarde de 44%. Même chez celles entamant les estrogènes entre 70 et 79 ans, il n’y a pas eu d’augmentation du risque de l’infarctus du myocarde! Pris pendant une même période (environ 7 ans), les estrogènes diminuent à la fois l’incidence du cancer du sein de 22% et la mortalité due à ce cancer de 40% après une période d’observation de 20 ans. Exactement le contraire de ce qui est véhiculé!
Mais il y a plus grave encore. Non seulement on sous-estime les effets nocifs des progestines (particulièrement ceux cardiovasculaires et neurologiques), mais on confond les progestines et la progestérone. Ce qui prive un grand nombre de femmes de profiter des bienfaits multisystémiques de la progestérone.
La ménopause n’arrive pas subitement. Elle est précédée d’une longue période de préménopause (cycles menstruels généralement réguliers), suivie d’une période de périménopause (cycles menstruels chaotiques, qui finiront par s’allonger jusqu’à cesser à la ménopause).
J’ai découvert, il y a 20 ans, chez des femmes ayant des cycles menstruels réguliers, et ce, grâce aux dosages sanguins faits 7 jours avant la date prévue des règles, un syndrome que j’ai appelé: le syndrome du déficit isolé en progestérone (ces femmes ne manquent pas d’estrogènes).
