
La Sécurité, nouveau groupe montréalais : du punk sur la piste de danse
Radio-Canada
La nouvelle formation montréalaise La Sécurité a vu le jour discrètement au printemps dernier en lançant deux premières chansons, Try Again et Suspens. Au fil des mois, le voile a commencé à se lever sur ce supergroupe composé de Laurence-Anne, de Félix Bélisle (chanteur de Choses Sauvages), d’Éliane Viens-Synnott, de Melissa Di Menna et de Kenny Smith.
Le terme supergroupe, qui désigne une formation dont les membres ont déjà acquis une certaine notoriété en solo ou avec d’autres groupes, peut évoquer le meilleur comme le pire. Pour chaque Cream ou Crosby, Stills, Nash and Young, on trouve une union moins concluante comme Chickenfoot, étrange mariage hard rock entre Sammy Hagar et Michael Anthony (tous deux ex-Van Halen), le guitariste Joe Satriani et Chad Smith, batteur des Red Hot Chili Peppers.
Bien que l’étiquette Mothland décrit sa nouvelle recrue comme un supergroupe proverbial, Félix Bélisle ne tient pas à ce terme pour décrire La Sécurité, d’autant plus qu'il est un peu galvaudé. Un supergroupe, ça n’existe pas ici selon moi, parce que c'est tellement petit le Québec, c’est un microcosme, explique Félix Bélisle, rencontré par un jour d’automne pluvieux avec sa partenaire (de vie et de groupe) Éliane Viens-Synnott.
Le chanteur de Choses Sauvages et la batteuse qui a joué dans plusieurs formations, comme Punk Explosions, et pour la chanteuse Vanille, ont eu l’idée de former La Sécurité pendant la pandémie. La plupart des membres du groupe se connaissaient déjà pour s’être croisés sur le circuit des festivals et des salles de spectacle du Québec.
Laurence-Anne, finaliste de la cuvée 2017 des Francouvertes, a lancé son deuxième album, Musivision, en 2021. Melissa Di Menna a notamment joué de la guitare avec Silver Dapple puis Vanille, aux côtés d’Éliane Viens-Synnott, et joue maintenant dans Jesuslesfilles. Seul le batteur Kenny Smith, 21 ans, originaire de la banlieue de Guelph en Ontario, était étranger à la scène montréalaise.
C'est un genre de dandy des années 1970, discret et réservé, trippeux du groupe Devo et de post-punk. Un jour, il s’est juste assis au bar de l'Esco et après un moment, il venait tout le temps, explique Félix Bélisle, qui a réalisé un microalbum décapant pour Kenny Smith sous le pseudonyme de Pressure Pin (Nouvelle fenêtre). Il a déménagé ici juste avant la pandémie, donc on l’a un peu pris sous notre aile.
La Sécurité est aussi l’occasion pour une partie de ses membres de changer de rôle. Éliane Viens-Synnott, normalement confinée derrière sa batterie, est la chanteuse principale du groupe et joue aussi des claviers; Félix Bélisle assure la basse; Laurence-Anne et Melissa Di Menna, les guitares, alors que Kenny Smith maintient la cadence à la batterie.
Bien qu’il arrive comme un vent de fraîcheur, La Sécurité n’a pas inventé de toutes pièces le son que l’on retrouve sur ses deux premiers simples. Les influences du groupe sont palpables, avec sa basse découpée au ciseau, son rythme saccadé et ses motifs stroboscopiques à la Devo, Gang of Four et autres formations pour qui le punk rime avec la danse.
Avec son alignement à 60% féminin, le groupe s’inscrit aussi dans la lignée de groupes menés par des femmes, comme E.S.G., Delta 5, Bikini Kill ou Le Tigre. La Sécurité se revendique surtout de l’art punk, une sorte de punk avec synthés, qui va chercher toute sortes d’influences et qui n’a pas la structure punk pure et dure, résume Félix Bélisle.
