La résistance s’organise face aux plateformes de livraison de repas
TVA Nouvelles
Essentielles pendant la pandémie, les plateformes de livraison de repas sont de plus en plus montrées du doigt par politiques et restaurateurs, qui les accusent de parasiter une industrie et cherchent à encadrer leurs pratiques, voire à s’en passer.
Plus d’un milliard de commandes. Voilà ce que devrait avoir enregistré sur les neuf premiers mois de l’année 2021 la plateforme DoorDash, dont l’essentiel aux États-Unis, marché dont il est le leader. Depuis deux ans, l’écosystème de la restauration a basculé dans une nouvelle ère.
Mais pour Mathieu Palombino, fondateur de la chaîne de pizzerias d’origine new-yorkaise Motorino, derrière ce boom, «il y a une grosse illusion. Quand on reçoit trente ou quarante commandes sur une journée, on est content. Mais le problème, c’est que cela ne se traduit pas par des profits.»
En cause, les commissions prélevées aux restaurants, qui peuvent atteindre jusqu’à 30%, selon les sites. «Les petits établissements ne devraient pas être poussés à accepter ces frais pour pouvoir rester viables et compétitifs», disait, en juillet, Francisco Moya, conseiller municipal de New York. Son texte de loi, voté à titre définitif, limite ces commissions à 15% dans la métropole américaine.
Les géants du secteur ont saisi la justice en septembre pour obtenir l’annulation du dispositif, à New York comme à San Francisco, qui avait pris la même décision en juin.
«Nous pensons que DoorDash a de solides arguments juridiques», ont estimé, mi-septembre, les analystes de Bank of America. DoorDash, Grubhub ou Uber Eats font notamment valoir que le plafond est anticonstitutionnel car il remet en cause des accords librement négociés avec les restaurants.
«Le problème, c’est qu’ils se sont tellement implantés, qu’il n’y a plus vraiment moyen de faire marche arrière», estime Mathieu Palombino. «Si vous n’êtes pas sur Seamless [l’un des services les plus utilisés à New York], vous n’existez plus.»
Les plateformes mettent en avant leurs investissements technologiques, qui ont permis à des millions de clients qui n’avaient jamais commandé de repas en ligne de s’y mettre durant la pandémie.
DoorDash affirme, par ailleurs, proposer déjà une formule prévoyant une commission de 15%.