La pétrolière BP se défend de forer dans un refuge marin au large de Terre-Neuve
Radio-Canada
La société pétrolière BP se défend de forer un puits exploratoire dans un refuge marin au large de Terre-Neuve. Le ministre fédéral des Ressources naturelles rappelle que l'entreprise a le droit de le faire, selon des règles qui interdisent des activités de pêche, mais permettent le forage.
Le projet de forage Ephesus a commencé le 8 mai dernier dans une zone protégée de 55 000 km2 appelée Fermeture du talus nord-est de Terre-Neuve. Au nom de BP, le navire Stena ICEMax fore dans des eaux à 1300 m de profondeur. Les travaux se poursuivront pendant une durée allant de 60 à 150 jours.
Nous travaillons en étroite collaboration avec l’agence de réglementation et le ministère des Pêches et des Océans pour nous assurer que nous le faisons dans les règles de l'art. Il est extrêmement important pour BP d'être un développeur et un explorateur responsable, a indiqué mercredi dernier Pam Keenan, présidente de la pétrolière, au micro de Radio-Canada.
Le refuge marin a été créé par Ottawa en décembre 2017 afin de protéger d'importantes espèces, leurs habitats et leurs écosystèmes, y compris des concentrations uniques et importantes de coraux et d’éponges. Selon le site web (Nouvelle fenêtre) de Pêches et Océans Canada, toute activité de pêche entrant en contact avec le fond y est interdite.
Jonathan Wilkinson, ministre fédéral des Ressources naturelles, souligne que si l’exploration pétrolière est permise dans le refuge, la production ne l’est pas. Si le puits permet à BP de confirmer l'existence de réserves importantes de pétrole récupérable, le territoire du refuge marin pourrait être redécoupé, explique le ministre.
Il existe différents niveaux de protection. Dans une aire marine protégée, le développement pétrolier et gazier est interdit, mais dans un refuge marin, il existe une disposition qui permet l’exploration, mais interdit la production, a-t-il affirmé mercredi dernier, lors d’une visite à Saint-Jean dans le cadre du congrès Energy NL.
Si jamais on décidait de lancer la production, cette partie du refuge marin ne serait plus protégée, a-t-il poursuivi, en ajoutant que c’est une discussion pour plus tard, s’il y a finalement une décision sur la production et que le projet passe par les différents processus d’approbation environnementale.
Connor Curtis, porte-parole chez Sierra Club Canada, un groupe environnemental, remet en question l’efficacité d’un refuge marin où les activités de forage sont permises.
« S’il y a une flexibilité par rapport à ce qui est interdit dans le refuge, à quoi sert le refuge? [...] Pourquoi interdire certaines activités et, en même temps, en permettre d’autres qui sont même plus dangereuses? »