La guerre en Ukraine est-elle proche d’un tournant?
Radio-Canada
La guerre en Ukraine approche-t-elle d’un tournant? Les événements semblent se précipiter en cette fin mai 2023. L’incursion en Russie, dans la région de Belgorod à partir du 22 mai, par des commandos russes en exil – des groupes pro-Ukraine tout en se disant « patriotiques russes », dont un identifié à l’extrême droite – est-elle le début de la fameuse contre-offensive annoncée depuis des semaines?
Ça peut y ressembler, même si – dans un contexte de guerre – il faut se méfier des apparences et des déclarations, d’où qu’elles viennent. Ce qu’on appelle le brouillard de la guerre, cela inclut les mensonges, les rumeurs, les feintes, les fausses pistes. Dans ce brouillard, il y a aussi la guerre des nerfs.
En ce moment, l’Ukraine mène une guerre psychologique d’assez haute intensité, apparemment efficace si on en juge par l’évolution récente du discours des propagandistes de la télévision russe (voir plus bas).
La direction ukrainienne annonce régulièrement que des opérations d’envergure seront bientôt déclenchées pour « récupérer notre pays ». Elle dit avoir reçu la majeure partie des équipements qu’elle réclamait aux Occidentaux pour lancer cette offensive, même si cette assurance reste sujette à caution : on parle notamment de lacunes persistantes, en termes de munitions. Et puis, les avions F-16 récemment promis ne font pas partie des plans immédiats de contre-attaque.
On reste dans le brouillard sur le moment, le lieu exact et la méthode qui sera utilisée. Où l’attaque sera-t-elle dirigée et quand?
Dans le Donbass, en renversant la vapeur à Bakhmout après le retrait annoncé du Groupe Wagner? Dans la province de Kherson, en traversant le fleuve Dniepr (de nombreuses rumeurs ont couru ces derniers jours…)? Ou encore dans la province de Zaporijjia? Ou à deux, trois endroits à la fois? On ne sait pas. Peut-être que les chefs ukrainiens eux-mêmes attendent toujours de décider, selon ce qui se présente, selon les dernières images satellitaires fournies par le renseignement ukrainien, britannique et américain.
On peut ici risquer l’hypothèse que l’armée ukrainienne attendra peut-être encore un peu, quelques semaines, jusqu’en juillet, avant de se lancer. Élément à l’appui de cette hypothèse : sur le plan des munitions (pièces d’artillerie, obus, missiles de défense antiaérienne), il y aurait toujours des manques importants de matériel, ce qui est également vrai pour le côté russe).
Dans la guerre psychologique, laisser entendre qu’on va faire A (à tel endroit, à tel moment, de telle manière)… et puis faire à la place B ou C ou une combinaison de B plus C (avec peut-être une touche d’autre chose, D ou E, qu’on n’imagine même pas). C’est aussi ça, la guerre psychologique.
Et c’est ce que font les Ukrainiens depuis avril, avec un certain brio.