La gauche au pouvoir en Amérique latine : une vague de fond?
Radio-Canada
L’élection de Gabriel Boric au Chili marque la dernière d’une série de victoires de partis de gauche en Amérique latine. Xiomara Castro au Honduras, Pedro Castillo au Pérou, Luis Arce en Bolivie. Les dernières élections présidentielles ont toutes été remportées par des partis de gauche. Gustavo Petro en Colombie et Lula au Brésil pourraient compléter le tableau.
Qu’est-ce qui explique ce vent de gauche?
Ce qu'on voit en Amérique latine depuis quelques années, c'est un cycle de sanctions des gouvernements sortants, quelles que soient leurs affinités politiques, soutient Christophe Ventura, directeur de recherche à l'Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS), à Paris, spécialiste de l'Amérique latine. Dans les années 2015-2018, c’est la droite qui en a profité, aujourd’hui c’est la gauche, ajoute-t-il.
Ce rejet s’explique en partie par la crise économique qui frappe la région. Le boom des matières premières des années 2000 a permis une croissance forte et la mise en place de programmes sociaux. Depuis que cette phase d’expansion a pris fin, il y a environ dix ans, la croissance a ralenti et les inégalités sociales se sont accentuées. À cela s’est ajoutée une perception de mauvaise gestion, nourrie par des scandales de corruption à grande échelle.
« Il y a une énorme défiance des populations et des opinions publiques envers les gouvernements, les classes politiques, les institutions, toutes les organisations représentatives, d'une manière générale, de la politique. »
Une analyse partagée par Sébastien Dubé, professeur au Département de sciences politiques et relations internationales de l'Universidad del Norte, à Barranquilla, en Colombie, qui croit que le malaise démocratique est alimenté par des comportements douteux ou carrément corrompus de la part des élites, ainsi que par leur mauvaise gestion de la pandémie.
Dans les enquêtes d'opinion, vous voyez que le taux de confiance envers la présidence, le système de justice, la police, les députés, le Congrès et les partis politiques est au plus bas, affirme-t-il.
C’est cette insatisfaction qui dicte le vote des électeurs latino-américains plutôt qu’un attachement idéologique à la gauche ou à la droite, pense M. Dubé.
Si vous croyez que le gouvernement n'en fait pas assez ou que votre fonds de pension va fondre à cause des dévaluations, votre préoccupation ce ne sera pas toute la mécanique, mais plutôt est-ce que vous avez accès à des services de santé de qualité? Est-ce que le gouvernement a fait sa job?