La Fonderie Horne contamine la faune et la flore à plus de 50 km de Rouyn-Noranda
Radio-Canada
En plus de son impact sur la santé humaine, la Fonderie Horne contamine aussi les lacs, les plantes et les animaux sur des dizaines de kilomètres, à tel point que des espèces ont disparu. C'est ce que révèle une revue d'études scientifiques publiées ou en cours de rédaction. Un chercheur vient même de découvrir la présence dans l'environnement de nouveaux métaux qui ne font l'objet d'aucun contrôle ni surveillance.
On mange-tu du poisson à midi, dit en plaisantant Guy Larochelle, canne à pêche à la main, sur son bateau immobilisé au milieu du lac Osisko, à Rouyn-Noranda.
Le pêcheur sait que le lac est grandement contaminé depuis 1927, date de la fondation de la Fonderie Horne. C'est la raison pour laquelle le ministère de l'Environnement recommande de ne pas consommer de poissons provenant du lac Osisko plus de deux fois par mois, alors que dans les autres lacs de la région, c'est quatre ou huit fois.
L’étude de 2015 sur l’état du lac Osisko indique que, malgré la diminution importante des émissions atmosphériques de la fonderie dans les dernières décennies, des dorés ensemencés dans le lac en 2001 et analysés en 2006 ont démontré une contamination importante, notamment au cadmium et au plomb, qui dépasse les concentrations recommandées pour protéger les organismes aquatiques d’effets chroniques ou aigus.
Le professeur Guillaume Grosbois, spécialiste en écologie des écosystèmes aquatiques à l'Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT), poursuit les recherches sur le lac Osisko.
« Le ministère de la Faune, des Forêts et des Parcs ajoute régulièrement des dorés dans le lac, parce que les populations ne se maintiennent pas. On veut essayer de comprendre pourquoi. »
De son côté, le chercheur de l’Université de Montréal Dominic Ponton a trouvé du thallium en forte concentration dans des lacs jusqu’à 35 kilomètres de la fonderie. La chair des poissons et leur foie avaient des concentrations élevées de ce métal, explique-t-il à Radio-Canada. Une de ses hypothèses pointe vers la combustion de matériel électronique à la fonderie.
Les restrictions de consommation s'appliquent aussi aux chasseurs. Dans une étude de 2013, la santé publique de l'Abitibi-Témiscamingue a estimé que dans un rayon de 50 kilomètres autour de la fonderie, manger 200 grammes du rein d'un orignal équivaut à ingérer 1,7 fois la dose annuelle de cadmium recommandé.
La prudence s'impose, dit la santé publique, puisque le métal lourd, rejeté dans l'atmosphère par la fonderie, est absorbé par les plantes, qui sont consommées par l’orignal.