La famille derrière la réussite du patineur de vitesse Jordan Pierre-Gilles
Radio-Canada
Le patineur de vitesse sur courte piste Jordan Pierre-Gilles vient d’entamer un nouveau cycle olympique après une médaille d’or par équipe remportée aux Jeux de Pékin l’hiver dernier. Le Sherbrookois vise d’ici le prochain grand rendez-vous, qui aura lieu en Italie en 2026, un titre de champion canadien et des podiums individuels lors des épreuves internationales. Pour atteindre ces objectifs, qui lui ont échappé de justesse lors de deux coupes du monde cet automne, il peut compter sur l’appui indéfectible de sa famille.
Le sport est une affaire de famille chez les Pierre-Gilles. Jordan et son frère Cédrik ont tous les deux grandi à travers le regard de parents eux-mêmes athlètes. Richard Pierre-Gilles, leur père, a fait partie de l’équipe nationale de soccer dans les années 1980 et de l’équipe de réserve du défunt Manic de Montréal. Leur mère Sophie, quant à elle, a été membre de l’équipe de soccer du Québec.
Les deux enfants se sont construits à travers les sports comme la natation, le soccer, les arts martiaux et, bien sûr, le patinage de vitesse. Les deux, on est compétitifs. C’est vrai que je l’ai toujours été. Peut-être lui un peu moins, mais pas contre moi, lance Jordan, en provoquant un grand rire de son père. Ça n’a jamais gâché notre relation. On est très proches, s'empresse-t-il de préciser.
Si les deux démontrent de très bonnes habiletés sportives, c’est le plus jeune, Jordan, qui en fait une carrière. De l’aveu de son père, il aurait très bien pu devenir joueur de soccer professionnel, mais son choix s’est tourné vers le patinage de vitesse sur courte piste. L’aîné a aussi fait du patinage de vitesse de haut niveau, mais a préféré mettre fin à sa carrière d'athlète pour se concentrer sur ses études à la fin du cégep.
Jordan a toujours reçu les encouragements de son père, mais leur relation n’a pas toujours été au beau fixe. Richard a été pendant longtemps une figure d’autorité sur le terrain de soccer et en classe, parce qu'il a été l’entraîneur et l’enseignant de son fils au secondaire. Aux yeux de Jordan, son père, qui enseigne l’anglais au Salésien, se montrait plus sévère avec lui qu’avec ses camarades, ce qui provoquait des frictions, se souvient Sophie Gailloux, la maman de Jordan.
Sous un grand chêne, c’est rare qu’on voie un autre arbre pousser, précise-t-elle pour illustrer qu’il a fallu à un certain moment que leur fils s'affranchisse, d’une certaine façon.
Richard avoue lui-même avoir eu, à une certaine période, un ascendant trop important sur son fils. Il se rappelle une discussion marquante dans la voiture entre l’aréna et la maison au début de l’adolescence. Je me souviens bien. Il m’a dit : "Moi, je veux un père. Un coach, j'en ai déjà un." Ça a été un moment clé dans mon cheminement de parent. Ça a été hyper bénéfique, estime Richard.
Bénéfique au point où la relation entre le père et le fils a évolué dans la bonne direction. Ça nous a permis de nous comprendre par rapport au rôle qu'on occupe et la place qu'on peut avoir pour l'autre. C'est un beau chemin qui nous a menés à un équilibre assez stable. Il est vraiment d’un bon support, autant que ma mère, raconte Jordan. Cette dernière précise toutefois que l’un des objets de discorde entre Jordan et son père était le manque de sérieux du jeune sportif.
Ça m'a fait vivre des échecs, reconnaît Jordan. C'était problématique. Dans certaines situations à l'entraînement, je n’étais pas capable d'être sérieux. Avec les années, ça te rattrape, puis tu apprends à être discipliné. Même s’il lui arrive comme tout le monde d’avoir de moins bonnes journées, l’athlète de 24 ans affirme avoir bien appris la leçon. Il est conscient aujourd’hui du niveau d’engagement nécessaire pour rester parmi les meilleurs. Mais tout est une question d’équilibre.
