La conteuse Mafane se raconte en trois objets
Radio-Canada
Originaire de l'île de La Réunion et arrivée au pays en 2008, la conteuse Mafane, Aurore Alessandra de son vrai nom, est l’une des invitées du premier Festival des arts littéraires, qui se tient jusqu’au 30 octobre prochain à Gatineau. Le jeudi 28 octobre, en présentiel au cabaret la Basoche mais également en ligne, elle dévoilera quatre contes présentés dans le cadre du spectacle La ruée vers l’autre, adaptation du livre et du balado éponymes. Mafane y parle d’immigration, de départ, de déracinement, mais aussi de résilience, d’espoir et de rencontres.
Des thèmes et un art, le conte, qui sont autant présents dans son œuvre que dans sa vie. C’est ce qui marque les esprits lorsqu’on lui demande de choisir trois objets pour nous parler d’elle. Une pierre, une clé, une aiguille et du fil : des objets du quotidien tout sauf banals pour qui veut bien lire les histoires qu’ils recèlent.
Le premier objet que nous présente Mafane est une pierre ramassée près de Gaspé, il y a 5 ou 6 ans, et qui l’accompagne depuis. Allongée sur le sol, les bras au-dessus de la tête, cette pierre est rentrée dans ma main, se souvient-elle. Mafane y voit une espèce de mini-territoire, un élément palpable qui lui rappelle le lien à la terre d’ici. Je me sens très bien quand je la tiens, dit-elle, une façon pour elle de s'ancrer ici.
Longtemps j’ai trouvé ça douloureux d’être de là-bas et d’être ici, de ne pas savoir où me situer.
Quelqu’un m’a dit un jour : "Tu dois faire le deuil". J’avais trouvé ça violent, puis j’ai transformé l’image en me disant : "Il faut couper le cordon". Une image qui me convient mieux, car ma mère reste ma mère, même si je ne fais plus partie d’elle physiquement, résume-t-elle.
Second objet choisi par Mafane : Une clé qui vient de chez moi, de la maison où j’ai grandi à l’île de La Réunion. La forme est un peu particulière, poursuit la conteuse, expliquant qu’il s’agit de la clé qu’elle utilisait petite fille pour rentrer chez elle.
Après le décès de son père durant la pandémie, il a un temps été question de vendre la maison familiale, avant de finalement décider de la garder et de la transformer. Cette clé n’ouvre plus de porte, car la porte qui allait au bout de cette clé n’existe plus, explique la conteuse. Elle reste toutefois un accès à mon enfance, à d’où je viens, se plaît-elle à dire.