L’inflation, qui est là pour durer, touche les moins nantis
Radio-Canada
Environ la moitié des contribuables québécois touchent annuellement des revenus de moins de 30 000 $. Non seulement ils n’ont pas accumulé d’épargne durant la pandémie, mais ils doivent aujourd’hui affronter une poussée d’inflation sur les produits de base qui semble être là pour de bon. Ils sont les premières victimes des pressions inflationnistes.
Près de 20 % de la population canadienne doit faire appel aux banques alimentaires. Au Québec, la distribution de paniers de provisions a augmenté de 37 % cette année par rapport à 2019, alors que le nombre de travailleurs ayant recours aux banques alimentaires a grimpé de 40 %. Plus de 600 000 Québécois font appel aux banques alimentaires tous les mois.
Des tonnes de produits alimentaires et des produits du quotidien sont touchés. D’octobre 2020 à octobre 2021, voici les prix de quelques produits qui ont bondi de façon marquée, bien au-delà du niveau moyen général d’inflation, selon Statistique Canada :
Cette hausse des prix, qui touche particulièrement les prix des aliments, du logement et du transport, a des conséquences réelles sur la vie de millions de personnes au pays. Et cette inflation pourrait perdurer au moins jusqu’à la fin de 2022. Non seulement n’est-elle pas temporaire ou transitoire, comme le disent depuis des mois les dirigeants des banques centrales, mais elle semble vouloir s’installer à demeure.
En tous cas, c’est le message envoyé par Jerome Powell, le grand patron de la banque centrale des États-Unis, mardi, devant un comité du Sénat à Washington : le temps est venu, a-t-il indiqué, de ne plus qualifier cette inflation de transitoire.
Et, avec l’arrivée du nouveau variant Omicron, qui entraîne un resserrement des restrictions sanitaires un peu partout dans le monde, avec la fermeture de plusieurs frontières, il est à prévoir que la croissance de l’inflation va s’intensifier, a fait savoir Jerome Powell.
Il faudra donc accélérer la fin de l’intervention de la Fed dans les marchés, a-t-il dit, ce qui nous laisse comprendre que la hausse des taux d’intérêt pourrait s’amorcer plus rapidement en 2022 aux États-Unis. Une hausse de taux aurait pour effet, dans le temps, de calmer l’inflation, mais elle pourrait aussi réduire la capacité pour certains ménages très endettés de respecter toutes leurs obligations financières.
L’inflation est alimentée par deux grands phénomènes : l’injection massive de liquidités dans les marchés et dans l’économie depuis plus d’un an et demi et l’incapacité en matière de production à répondre à une demande des consommateurs qui s’est transformée.
Résultats : on manque de certains produits essentiels, comme des puces électroniques, pour fabriquer différents appareils. Et les ports sont engorgés, submergés de conteneurs qui ne demandent qu’à être déplacés vers différentes destinations.