L’hydrogène « vert », pas une solution miracle pour décarboniser le Nouveau-Brunswick
Radio-Canada
L'achat par la pétrolière Irving d'un électrolyseur capable de produire deux tonnes d'hydrogène par jour est un pas de plus dans la transition vers des énergies vertes, mais ce n’est pas une « solution miracle », prévient un professeur de physique du Nouveau-Brunswick.
Irving Oil annonçait mardi avoir conclu un accord pour acheter un électrolyseur de Plug Power, une entreprise de New York.
L'hydrogène est une partie importante du processus de raffinage du pétrole. La plupart des raffineries produisent leur hydrogène à partir de gaz naturel, un procédé qui cause des émissions de gaz à effet de serre (GES).
Alain Haché, professeur de physique à l’Université de Moncton, indique que la quasi-totalité de l’hydrogène produit actuellement est extraite à partir de gaz naturel ou de produits pétroliers. On fait réagir ça avec des vapeurs d’eau et on extrait l’hydrogène, mais le produit final, c’est aussi du CO2, un gaz à effet de serre qu’on veut éliminer, a-t-il expliqué jeudi en entrevue à l’émission L’heure de pointe - Acadie.
L'électrolyse, en revanche, permet d'extraire l'hydrogène de l'eau. Ce procédé consomme de l'électricité. Seulement une petite partie est créée avec l'électrolyse, que Plug [Power] propose. Ce sont des systèmes qui sont verts, parce qu’on peut alimenter ces systèmes avec de l'énergie qui proviendrait par exemple, de l'éolienne ou du solaire, ou hydroélectrique. Mais c'est un processus plus coûteux.
Les systèmes que Irving veut acheter, ce sont des systèmes qui peuvent produire une bonne quantité d'hydrogène assez efficacement. Ça reste que ce sont des systèmes qui sont quand même assez coûteux, mais c'est le prix à payer pour faire une transition vers l'énergie verte, affirme M. Haché.
Le professeur de physique estime que cette décision d’Irving est un morceau du puzzle.
S'ils peuvent produire tout l'hydrogène dont ils ont besoin pour alimenter leurs raffineries, c'est déjà ça de fait, avance Alain Haché. Je suspecte que c’est une grosse portion de leur plan, d’utiliser cet hydrogène dans leur processus de produits pétroliers.
C'est un bon morceau, je pense que ça va jouer un rôle dans certaines applications niche, mais il n'y a pas de solution miracle. Ce n’est pas quelque chose qui va remplacer tout d'un coup toute notre économie énergétique, a-t-il poursuivi. C'est des morceaux comme ça qu'on va avoir besoin dans le futur pour faire une transition éventuelle vers des énergies qui sont vertes.