
L’autre Ukraine, où règne une paix fragile, mais rassurante
Radio-Canada
L’ouest de l’Ukraine profite encore d’un calme relatif, alors que la région du Donbass, à l'autre bout du pays, continue d’être pilonnée par les Russes. Lviv, par exemple, qui a essuyé quelques tirs de missiles au début du conflit, est devenue l'une des villes où la menace se fait le moins sentir.
Nazari Malenovsky est un jeune artiste qui, habituellement, chante en ukrainien. Mais ce soir, devant les passants qui traversent une place du centre-ville de Lviv, il a envie de se changer les idées parce que, tous les jours, il pense à la guerre. Celle-ci a épargné sa ville jusqu’ici, mais ce qui se passe dans l’est de sa patrie le rend fataliste.
« Qu’est-ce que je peux faire si des bombes tombent devant ma maison? On doit continuer à vivre, pour montrer à la Russie que rien ne nous empêche de vivre normalement quand même. »
Située à 70 kilomètres de la frontière polonaise et à plus de 400 kilomètres à l’ouest de Kiev, Lviv a accueilli des milliers de réfugiés au début de l’invasion russe.
Depuis quelques semaines, la ville de plus de 700 000 habitants, qui est un aimant pour les artistes et les jeunes, a recommencé à bouillonner comme si de rien n’était. Les restaurants font presque le plein de clients et chacun vaque à ses occupations journalières. Les tramways et les autobus amènent leurs flots d’employés vers leurs magasins et bureaux respectifs.
On en viendrait presque à oublier que ce pays subit les ravages de la guerre à quelques centaines de kilomètres d’ici.
Le soir, le contraste avec les villes assiégées du Donbass est encore plus flagrant. Les rues grouillent de jeunes Lviviens qui prennent un verre tout en se racontant leur journée.
Assise sur le rebord de la fenêtre au deuxième étage d’un bar, Anna Syvokhip, âgée d’une vingtaine d’années, observe ces jeunes fêtards d’un œil amusé et satisfait. Elle qui a quitté il y a trois ans sa famille russophone installée à Marioupol se dit fière d’avoir choisi Lviv pour y vivre. Elle s’est installée ici pour étudier en design de la mode. Pas une seconde, elle ne regrette d’avoir quitté sa famille qui a choisi d’aider les Russes à gagner la guerre.
Ils pensent que tout est mieux en Russie, regrette-t-elle. Ils sont empoisonnés par la propagande de Moscou. Ils disent que tout est mauvais en Ukraine et en Amérique, mais qu’en Russie tout est formidable.
