L’arsenic, ce poison au cœur d’une nouvelle lutte
TVA Nouvelles
Dans le quartier Notre-Dame de Rouyn-Noranda, à l’ombre des cheminées de la Fonderie Horne, la santé des gens se joue à la loterie. Mais ici, le 6/49, c’est un cancer du poumon, un nouveau-né à faible poids ou encore un décès prématuré de 5 ans.
Depuis trois semaines, les impacts des émissions d’arsenic émises par la Fonderie Horne ont fait les manchettes, et c’est tant mieux.
Mais le problème ne date pas d’hier. Depuis 2019, je tire la sonnette d’alarme auprès du gouvernement de la CAQ. Et depuis 2019, j’ai l’impression de prêcher dans le désert.
On m’a reproché de nuire à l’image de Rouyn-Noranda. Des ministres caquistes ont même eu l’audace de m’accuser d’être « alarmiste » quand je leur parlais des familles du quartier Notre-Dame qui respirent 33 fois plus d’arsenic que les autres Québécois.
Alarmiste. Allez donc dire ça à la maman dont l’enfant a pété tous les scores d’imprégnation : 5 ans et 56 fois plus d’arsenic dans son petit corps que les autres enfants québécois.
98 % de tout l’arsenic émis dans l’air au Québec se retrouve dans le ciel de Rouyn-Noranda. Pourquoi ? Parce que la fonderie, qui date de 1926, a un « droit acquis » de polluer. Ailleurs au Québec, les émissions d’arsenic sont plafonnées à 3 nanogrammes par mètre cube. Chez nous, c’est 100 nanogrammes.
Pour permettre à la multinationale de continuer de polluer, on recommande aux familles de passer l’aspirateur pour enlever la poussière métallique et on leur dit d’éviter de laisser les enfants jouer dans le bac à sable.
Quand on demande des explications au directeur national de santé publique, le docteur Boileau, on nous répond que c’est à la population de définir le « niveau de risque acceptable ». Pourtant, il y a un consensus scientifique derrière la norme québécoise. Est-ce qu’à Rouyn-Noranda, notre qualité de l’air doit passer par un référendum ?
L’année dernière, Glencore, la multinationale propriétaire de la Fonderie Horne, a distribué plus de 4 milliards de dollars en dividendes à ses actionnaires. La Fonderie a donc largement les moyens d’investir dans les technologies nécessaires pour réduire ses émissions d’arsenic et se conformer à la norme québécoise. Encore faut-il que le gouvernement lui exige cette norme.