L’anxiété de performance, un désir de réalisation
Métro
Dans une société où les limites sont sans cesse repoussées, où la compétition laisse les plus faibles à la traîne, plus on performe, plus on a l’impression d’exister et d’être quelqu’un dans le regard des autres. Là est le piège de l’anxiété de performance.
En soi, l’anxiété de performance n’est pas pathologique. Elle est rattachée au désir de s’accomplir et de se réaliser. «Mais certaines personnes ne se satisfont jamais d’un bon résultat, ce n’est jamais assez […]», explique Estelle M. Morin, professeure titulaire au Département de management de HEC Montréal.
L’équilibre est délicat, toutefois, entre savoir se dépasser… et savoir se détacher. La performance devient un problème d’anxiété lorsqu’on se définit par le résultat qu’on obtient, que l’estime de soi est intrinsèquement liée à la performance. «Pourtant, nous sommes tellement plus que nos résultats», insiste la chercheuse.
Selon le Dr Serge Marquis, médecin dédié depuis trente ans à la santé des travailleurs, à l’épuisement professionnel et à la détresse psychologique au travail, l’enjeu véritable est de distinguer l’être de l’acte. «Enfant, le cerveau peut faire cette association erronée: si je ne performe pas, je ne serai pas aimé […]. Toute personne d’influence devrait choisir ses mots pour reconnaître l’acte. Par exemple, dire: “Tu as fait un bon travail” au lieu de “Tu es bon dans ton travail”.»