
L’algorithme qui compose comme Beethoven
Radio-Canada
2 septembre 2021. L’excitation est à son comble pour Florian Colombo. En direct de la salle Métropole de Lausanne, en Suisse, il entend enfin le fruit de son travail de longue haleine.
La mélodie de sept minutes jouée par l’Orchestre Nexus a quelque chose de familier, un soupçon de Beethoven. Et ce n’est pas un hasard. Elle a été composée à partir d'esquisses trouvées à la mort du prodige allemand, vraisemblablement les seules traces de ce qui aurait été sa dixième symphonie.
Le tour de force de Florian Colombo a été de concevoir un algorithme d’intelligence artificielle capable de terminer l'œuvre.
Florian Colombo commence à développer son algorithme alors qu’il est doctorant en neurosciences computationnelles à l’École polytechnique fédérale de Lausanne.
Avant de s’attaquer à la dixième symphonie, il apprend à l’intelligence artificielle à maîtriser le style de Beethoven. Pour l’entraîner, il la nourrit des notes d’autres œuvres du compositeur, ses quatuors à cordes.
« Mon algorithme, ce qu'il va faire, c'est analyser ces notes. Il va analyser les choix de Beethoven, essayer de comprendre pourquoi est-ce qu'il a mis telle note à tel endroit en fonction du contexte. »
Des notes sont intentionnellement retirées des partitions fournies à l’ordinateur. L’algorithme s’entraîne alors à prédire les notes manquantes.
« Pour certaines parties, c'est clair, l'algorithme nous dit que ça ne peut être qu’une certaine note. Mais pour d'autres parties, il y a deux ou trois notes qui sont probables. Alors dans ces cas-là, il y a l'aléatoire qui rentre en compte. »
L’intelligence artificielle est programmée de manière à comparer les notes qu’elle prédit à celles des esquisses d’origine. En fonction du résultat obtenu, elle s’ajuste. Le processus se poursuit pendant des mois, jusqu’à ce que ses prédictions soient fiables. Alors, fini l’entraînement. Elle est prête à achever la partition de la dixième symphonie.
