L’accès à la plage de Batiscan fait des vagues
Radio-Canada
N'arrête pas qui veut à la plage de Batiscan. Les organisateurs d'un événement caritatif en kayak l'ont appris récemment. La municipalité leur demande d'obtenir la permission des riverains avant d’accoster leurs embarcations sur la rive du Saint-Laurent. L’événement a relancé un débat qui polarise les habitants du village.
L'histoire remonte au 19 avril dernier. Des représentants du Défi kayak Desgagnés, un organisme au profit de Jeunes musiciens du monde, ont fait le trajet Montréal-Batiscan pour une seule raison : demander l'autorisation d'accoster sur la rive du fleuve.
C'est la goutte qui a fait déborder le vase pour le riverain Alexandre Gervais. Il milite depuis des années afin que la population puisse jouir, tout comme lui, de cette plage longue d'un kilomètre. Selon lui, le Saint-Laurent appartient à tout le monde, et les jeunes n'auraient pas dû être obligés de demander la permission aux résidents.
Je trouve ça inconcevable. C'est un événement maritime sur le fleuve dans une période où on parle beaucoup d'accès aux plans d'eau. Ces gens-là font Québec-Montréal en kayak, ils s'arrêtent manger un sandwich sur un bout de berge où on a le droit de circuler, et là, la municipalité embarque et demande à ces gens d'aller demander l'autorisation aux riverains de faire cette activité. C'est là que je débarque.
Selon l'organisation du Défi kayak Desgagné, certains résidents ont accepté, mais d'autres n'ont pas répondu. Sans vouloir accorder d'entrevue, l'une des responsables a souligné que l'organisation attend toujours la réponse de certains propriétaires. Tout ce qu'on veut c'est pouvoir arrêter pour le lunch , a-t-elle commenté.
L'accès à l'eau est un sujet chaud à Batiscan, mais le maire Christian Fortin n'y voit pas de problème. Selon lui, ceux qui souhaitent accoster une embarcation ou se poser sur le sable de la plage doivent d'abord obtenir l’aval des riverains.
Nous on gère le quai, mais ce qui est en dehors, c'est privé. Ce qu'on dit, c'est que c’est le Code civil. Les gens ne peuvent qu’y circuler. Ça a toujours été comme ça , affirme-t-il.
Mais que dit vraiment la loi ? L'article 919 du Code civil du Québec indique que le lit des lacs et des cours d'eau navigables et flottables est, jusqu'à la ligne des hautes eaux, la propriété de l'État.
Selon Jean-François Girard, avocat spécialisé en droit municipal, les hautes eaux de Batiscan comprennent une partie de la plage, ce qui enlève toute autorité légale aux propriétaires dans cette zone. Or, selon plusieurs citoyens, des riverains interpellent tout de même ceux qui s’arrêtent et qui se posent sur le sable.